LA PHOTOGRAPHIE    

 

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Les Peintres Communication Photo :
 
Astuces et Techniques
Citations sur la photo

 

La photographie c'est un regard, un instantané de vie.
Quelqu'un a dit : c'est la mort en marche.
Pas du tout : c'est la vie immortalisée. Une tentative d'arrêter le temps, de saisir le temps. Quelque chose de forcément inachevé.
C'est un rapport au temps.

Citations sur la photo Quelques photographes : 
 
Henri Cartier Bresson,
 François Marie Banier,
 Robert Capa
http://vi.sualize.us/ 

http://www.exactitudes.com/ 
 Il faut aimer la solitude pour être photographe. (Raymond Depardon)
Prendre un cliché, c'est participer à la vulnérabilité, à la nature instable et mortelle d'un être ou d'une chose. (Susan Sontag)
Photographier, c'est goûter la vie, chaque centième de seconde, intensément. (Marc Riboud)
L'appareil photo est d'abord un formidable instrument de relations humaines. (Sebastiao Salgado)
Photographier n'est pas prendre le monde pour objet, mais le faire devenir objet, exhumer son altérité enfouie sous sa prétendue réalité, le faire surgir comme attracteur étrange et fixer cette attraction étrange dans une image. (Jean Baudrillard)
Une photographie est pour moi la reconnaissance simultanée, en une fraction de seconde, d'une part de la signification d'un fait, et de l'autre, d'une organisation rigoureuse des formes perçues visuellement qui expriment ce fait. (Henri Cartier Bresson)
S'oublier, oublier l'appareil, être vivant, regarder.(Henri Cartier Bresson)
Il y a toujours quelque chose de violent à faire des photos. Je n'éprouve pas le besoin de parler aux gens peut-être pour mieux leur voler leurs images ! (Raymond Depardon)
Il faut être agressif avec soi-même et discret avec les gens qu'on photographie. (Raymond Depardon)
"Je ne suis pas collectionneur, puisque je pense immédiatement à qui je vais offrir l'image qui a bien voulu se laisser apprivoiser. Une générosité qui n'est peut-être pas gratuite, je guette la réaction du receleur. C'est un test qui peut me dire si j'ai su rapporter quelque chose de l'émotion originelle." (Robert Doisneau)
Je ne veux plus jamais faire de photos, mais je continue et puis soudain, pas toujours mais quelquefois, quelque chose se passe, quelque chose a changé, je ne sais jamais pourquoi, ou bien je suis au bon endroit au bon moment, ou bien seulement j'y crois, quelquefois je vois une fraction de seconde, comme une étincelle la beauté ou l'insolite, ou la différence ou seulement la surprise. Je ne sais pas, tout va subitement très vite dans toute cette lenteur et je suis emportée et enfin, j'aime ce que je vois et je ne peux plus m'arrêter de l'avoir trouvé et de le reperdre et de nouveau tout au long de la journée je continue puisque cela a existé. (Sarah Moon)
Le peintre est généralement plus fier de son art que le photographe du sien et c'est un tort pour le photographe. (Man Ray)
Prendre une photo, c'est s'associer à la condition mortelle, vulnérable, instable d'un autre être (ou d'une autre chose). C'est précisément en découpant cet instant et en le fixant que toutes les photographies témoignent de l'œuvre de dissolution incessante du temps. (Susan Sontag)
Les photographes ambitieux, ceux dont les œuvres entrent dans les musées, se sont écartés toujours davantage des sujets lyriques, explorant consciencieusement l'ordinaire, le terne, l'insipide. (Susan Sontag)
Le photographe ne cesse d'essayer de coloniser de nouvelles expériences ou de trouver des façons nouvelles de regarder des sujets familiers, afin de se battre contre l'ennui. (Susan Sontag)
Pour faire un "bon" tableau, il faut être un "bon" peintre. Mais tout le monde peut, un jour, faire une "bonne" photographie. Ce n'est pas affaire de hasard mais de réceptivité inconsciente à un évènement. En revanche, faire une "œuvre photographique" nécessite de savoir reconnaître, orienter, reproduire et utiliser de telles disponibilités.” (Serge Tisseron)
Toute image photographique témoigne d'un état mental et affectif face au visible autant que du cadrage d'une portion d'espace et de temps. (Serge Tisseron)
Reconnaître un style, c'est toujours reconnaître la présence du photographe dans l'image du monde qu'il a fixée et que nous avons sous les yeux. C'est en cela que le style est essentiel en photographie. (Serge Tisseron)
L'horizon imaginaire qui anime toute entreprise photographique est le désir de constituer une image du monde où se donne à voir sa propre présence.” (Serge Tisseron)
J'ai l'obsession de faire renaître sur le papier des moments qui vont devenir impérissables. C'est ça que je cherche, c'est l'éternité. (François-Marie Banier)
 
 


Henri Cartier Bresson

Né en 1908. Il a fondé en 1947 l'agence MAGNUM avec Robert Capa. Dans ses vieux jours il se consacra au dessin. Une sorte d'éloge de la lenteur, après celui de la rapidité, du déclic du «moment décisif». Meurt en 2004.

«S'oublier, oublier l'appareil, être vivant, regarder.»

"Images à la sauvette" (éditions Verve en 1952), avec une couverture signée Matisse et un exergue emprunté au cardinal de Retz : «Il n'y a rien en ce monde qui n'ait un moment décisif.» Un livre culte, empli de références et de phrases clés, où il explique, avec humour, sa démarche : «Je marchais toute la journée l'esprit tendu, cherchant dans les rues à prendre sur le vif des photos comme des flagrants délits. J'avais surtout le désir de capter dans une seule image l'essentiel d'une scène qui surgissait. (...) En photographie, la plus petite chose peut être un grand sujet, le petit détail humain devenir un leitmotiv.» Conclusion : «Je suis toujours un amateur, mais plus un dilettante.»

De la même manière qu'il retournera au Mexique, ou en Chine, l'homme au Leica reviendra à Moscou en 1973, dix-neuf ans après son premier voyage, et il écrira ce post-scriptum : «Je ne suis ni économiste ni photographe de monuments et bien peu journaliste. Ce que je cherche surtout, c'est d'être attentif à la vie

Nick Brandt

Allez sur son site !   http://www.nickbrandt.com/index.cfm  

 
Robert Capa
Légende parmi les photo-reporters, il allait au-devant du danger sur les champs de bataille mais refusait l'engagement et la fidélité auprès des femmes qu'il séduisait.
Naît le  22 octobre 1913 à Budapest (son vrai nom est : Endre Friedmann). Il meurt en 1954 sur une mine indochinoise.
 1932 : Premières photos, dont celle de Trotski à Berlin.
 1934  : Rencontre à Paris Henri Cartier-Bresson
 1941-1945 :  Photographie la Seconde Guerre en Europe.
 1947  :  Fonde l'agence Magnum. 25 mai
A 40 ans en 1953, Capa a quatre guerres au compteur et quelques photos mythiques à son actif. Mais il est heureux d'être «un photographe de guerre au chômage». Il en a trop vu et ses nuits sont pleines de fantômes. Il a séché la Corée parce que, dit-il, «dans une guerre, vous devez haïr ou adorer l'un des protagonistes, vous devez prendre parti, faute de quoi ce qui se passe est insupportable». Capa a le journalisme engagé. Mais, quand les causes s'obscurcissent trop, il se dégage.
 Il préfère désormais le ski dans les Alpes suisses avec Judith, le poker avec les amis, les courses de chevaux à Longchamp. La déveine au jeu l'amène à puiser dans la caisse de Magnum. Au point d'inquiéter ses associés avec qui il a fondé la première agence de reporters-photographes. Surtout l'ami Cartier-Bresson, qui, issu de la grande bourgeoisie, a parfois du mal avec ses manières d'aventurier . Mais leur amitié a bientôt vingt ans. Et l'argent ne la pourrira pas. Capa retombe toujours sur ses pattes. Quand l'agence court à la faillite, il trouve les commandes pour la sauver in extremis.
Epais sourcils, yeux noirs, lèvres charnues, le cheveu noir, Capa n'est pas beau, mais son charme est immense. Il a la débrouille des nomades, l'énergie de celui qui a assez côtoyé la mort pour savoir qu'il ne faut pas perdre son temps.  Il a l'élégance d'un dandy, la désinvolture d'un mondain et l'humour de celui qui prend la vie pour ce qu'elle est : une blague. Si Dieu n'existe pas, tout est permis, surtout de rire de tout ! Il manie l'ironie comme une première langue. Mais il est sérieux quand il est face à lui-même. Et qu'il lui revient de surmonter ses peurs pour être à la hauteur.


Il n'aime pas le danger, il fait avec.  Seul photographe à Omaha Beach, le 6 juin 1944 à l'aube, il finit par prendre le large pour échapper aux balles allemandes : «Je tenais mon appareil au-dessus de ma tête et tout à coup j'ai compris que je m'enfuyais. J'ai essayé de faire demi-tour, mais je ne pouvais pas me tourner vers la plage et je me suis dit : "Je vais juste me sécher les mains sur le bateau."» Capa n'est pas un héros. La tête brûlée a l'instinct de survie : suffisamment gonflé pour aller en première ligne mais assez malin pour penser qu'il n'y a pas de honte à rebrousser chemin.

«Si ta photo n'est pas assez bonne, c'est que tu n'es pas assez près La phrase a transformé le photographe en maître à penser de générations de reporters. Mais elle est moins une leçon qu'un perpétuel défi qu'il s'est adressé à lui-même. Celui du survivant qui s'en veut d'avoir laissé la femme qu'il aime aller y voir de trop près.

 La femme est à l'inverse de la bonne photo : si elle te fait souffrir, c'est que tu es trop près. Alors il séduit toujours, il aime encore mais refuse à jamais l'engagement, la fidélité, les noces. Résolument pessimiste sur la pérennité des sentiments, résolument moderne quant à sa certitude que la liberté de chacun finit toujours par se sentir à l'étroit dans les liens du couple. Même Ingrid Bergman ne lui fait pas changer d'avis. A 31 ans, elle est pourtant belle à se damner. Et amoureuse passionnée de Capa, qu'elle rencontre au Ritz à l'été 45. Pour lui, elle est prête à divorcer de son mari. Pour elle, il s'ennuie à Hollywood.  La belle histoire périclite. Capa est triste,  a mal, mais il poursuit sa route. Le 25 mai 1954, il marche sur une mine en Indochine. Il a 40 ans. 

Extrait de "Portraits" de Libération du 12 Août 2004


 

 
François Marie Banier

Photographe et écrivain. Veut "plonger au coeur de l'humain"
«J'ai l'obsession de faire renaître sur le papier des moments qui vont devenir impérissables. C'est ça que je cherche, c'est l'éternité.»

Enfance. «Mon père était publiciste, ma mère femme française. C'est à cause de mon père que j'ai attrapé le virus inconscient de la photographie. Il recevait tous les illustrés, Vogue, Jardin des modes, Elle, Modes & Travaux, etc. Mon père était Hongrois, il est venu en France dans les années trente, et c'est pour cette raison que j'aime à la folie ces photographes géniaux que sont Brassaï, Kertész, Moholy-Nagy. Avec mon père, on a raté notre rencontre. Nous étions trois enfants, tous nés en juin, étrangers les uns aux autres. C'est l'identité de l'autre que je cherche à travers la photographie

Rue. «J'ai vécu tout de suite dans la rue, et c'est là que j'ai eu le goût des vagabonds. J'ai cherché la vérité, le goût des êtres les plus vrais, les plus francs. D'abord les clochards, ensuite les artistes. C'est comme ça, je parle avec Yves Saint Laurent, je connais Horowitz ou Nathalie Sarraute par coeur, et beaucoup d'autres aussi. Je suis à l'écoute de leur recherche, de leur manque. Je viens d'une famille qui n'existe pas, et je suis l'ami qui n'existe pas.»

Pose. «Je déteste la pose en photographie, qui est l'archétype de la photo ratée puisqu'elle est voulue. J'ai l'obsession de faire renaître sur le papier des moments qui vont devenir impérissables. C'est ça que je cherche, c'est l'éternité. Je la guette, je la repère, je l'attends. La photographie ne se révèle qu'au tirage. Lorsqu'on est devant ce rectangle ou ce carré. Est-ce que l'autre est là tout entier ? Est-ce qu'il joue la comédie ? Et comme une photo peut être ennuyeuse, j'ai commencé à écrire dedans. Une photographie, c'est se raconter une histoire ; écrire sur une photographie, c'est lui raconter une histoire.»

Peinture. «La peinture est venue naturellement. C'était une joie de revoir certaines photographies et de pouvoir changer la couleur du ciel ou de glisser un souriceau entre les jambes de Johnny Depp... Tout à coup, c'est l'intrusion d'un monde nouveau chargé de souvenirs et d'un autre futur. Je peins sur les photos depuis 1994, et c'est comme un état de furie. On est assez proche de la folie quand on fait ça, on est quelqu'un d'autre dans une au tre réalité. On devient soi-même visionnaire. C'est bien Victor Hugo qui a arrêté de faire tourner les tables, hein, parce qu'il a failli devenir fou ?»

Man Ray & Compagnie. «J'ai connu Man Ray grâce à Dali et à Marie-Laure de Noailles. Il avait 80 ans, moi 18. Et il ne cessait de me répéter : mais je ne suis pas photographe, je suis peintre... J'adore Nadar, son intensité, sa simplicité et ce regard qui statufiait. J'ai aimé Diane Arbus, violemment. Et puis Robert Capa, quelle force, et aussi ce grand reporter, Don McCullin. Il a une vision panoramique et juste, il est au plus près du tremblement de terre que sont toutes ces photographies de guerre. J'ai bien connu Horst, et Lartigue, notre Miró de la photographie.»

Paysages. «Non, je n'ai jamais photographié de paysages. Pour dire la vérité, le paysage, c'est compliqué. Il faut trouver la distance juste. Avec les gens, j'y arrive grâce à mon enfance bancale. Mais je ne fais pas de nus non plus, vous l'avez remarqué ?»

Le temps arrêté. «Photographier, c'est plonger au coeur de l'humain. Il y a une philosophie derrière tout ça, un recul, des limites aussi. J'ai connu beaucoup de gens aujourd'hui morts. Je pose juste un regard sur leur vie. Les médecins font des constats de décès, moi, je fais des constats de vie.»

 

Il est vrai que longtemps, dans mes photos, j'ai montré la solitude. Aujourd'hui, je vais plus dans la chair, du côté de la tendresse. Je montre moins l'homme perdu, ça veut dire que je vais mieux.  Ma discipline ? Je fais 40 kilomètres par jour dans Paris. je photographie. 200 ou 300 clichés. Les bons jours, il en reste deux.

On dit souvent de lui qu'il marie le glamour et le désastre. ça le met en rage.
Je ne comprends pas qu'on me parle d'épaves. On veut de plus en plus vivre dans un univers aseptisé, peuplé de visages lisses. Ces gens ont des vérités absolument bouleversantes, un caractère extraordinaire. Je déteste la monstruosité. Ce qui m'intéresse c'est l'humanité, la beauté, ce vieux monsieur au visage avalé qui est comme un personnage du Gréco, tous ces gens qui cherchent comment affronter la vie, comment s'en sortir. Je ne veux pas de l'anecdotique. Je veux aller au fonds. Je veux aller au feu.

Michel Tournier sur François-Marie Banier : "Ce qui frappe au premier abord, c'est sa force. Il nous montre des pauvres, des vieillards, des infirmes, des excentriques, des fous peut-être. Mais ces personnages ne sont jamais pitoyables. Ils ne nous visent pas au-dessous de la ceinture. Il y a en eux une vie intense, une affirmation de soi, une volonté d'être qui réchauffe le coeur."