Anton TCHEKOV |
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"Personne na compris avec autant de clairvoyance et de finesse le tragique des petits côtés de lexistence ; personne avant lui ne sut montrer avec autant dimpitoyable vérité le fastidieux tableau de leur vie telle quelle se déroule dans le morne chaos de la médiocrité bourgeoise ." Gorki
Anton Pavlovitch Tchekhov est né en janvier
1860 à Taganrog (Crimée) et est mort en juillet 1904 à Badenweiler (Allemagne).
Tchekhov peut être considéré comme l'un des plus représentatifs parmi les
grands romanciers russes du XIXe siècle, bien qu'il fût de tous le plus ouvert aux
influences modernes les plus diverses.
Élevé dans une famille peu fortunée et de meurs fort simples,sa biographie se résume à quelques dates dans un calepin et
beaucoup de pages blanches. Il ne se passe rien ou à peu près rien dans la vie de
lécrivain, comme il ne se passe rien ou à peu près rien dans son théâtre.
Une enfance triste dans une bourgade reculée, des études de médecine, une impérieuse vocation littéraire, quelques voyages à létranger, des séjours en sanatorium, un mariage sur le tard : bref une vie sans histoires, une vie de routine, partagée entre le travail, les factures à régler et les médicaments.
Sur ce fond de grisaille lhomme souffre continuellement, rongé par un mal inexorable, la tuberculose.
de 1879 à 1884 il fit sa médecine ;
toutefois, depuis plusieurs années déjà, il s'intéressait plus à la littérature
qu'à ses études et finalement délaissa celles-ci, se faisant rapidement connaître par
des contes humoristiques publiés dans différentes revues et, en volume, pour la
première fois en 1886, sous le titre Récits divers.
s'étant libéré des formes un peu rigides du récit humoristique, Tchekhov trouva sa
véritable voie, celle de romancier, qu'intéressent les plus
brûlants problèmes de la personnalité et de la vie humaine. En 1887 parut un
récit caractéristique : La Steppe, écrit en même temps que le
drame Ivanov, la première de ses pièces qui connut le succès, après plusieurs
tentatives malheureuses.
L'existence de Tchekhov, à partir de ce moment-là, ne comporte plus
d'événements saillants, à l'exception d'un voyage jusqu'à l'île Sakhaline, fait par
la Sibérie à l'aller, et le long des côtes de l'Inde au retour.
Durant la famine qui, en 1892-93, dévasta la Russie méridionale, il prit part à
l'uvre de secours sanitaire. Ensuite il passa de nombreuses années dans sa petite
propriété de Mélikhovo, proche de Moscou, où il écrivit la plus grande partie de ses
nouvelles et de ses pièces les plus célèbres. Atteint de tuberculose, il dut
s'installer en Crimée, d'où, à plusieurs reprises, pour se soigner, il se rendit en
France et en Allemagne.
Vers la fin du siècle, deux événements se produisirent dans sa vie qui semblèrent en
modifier le cours : son orientation nouvelle vers la gauche qui l'éloigna de son ami
Souvorine, conservateur, et le succès de sa pièce La Mouette. L'une des
autres conséquences de ses nouvelles opinions fut le geste qu'il accomplit à l'exemple
de Korolenko : il démissionna de l'Académie qui, après avoir nommé Gorki membre
honoraire, annula cette nomination sur l'ordre du gouvernement.
Le succès de La Mouette vint, à l'improviste, persuader Tchekhov de ses
capacités d'auteur dramatique, alors qu'il en avait douté à la suite de la chute de
cette même pièce au théâtre Alexandrinsky de Saint-Pétersbourg. La Mouette fut suivie
avec un égal succès de l'Oncle Vania (1897), des Trois
Seurs (1900, jouée en 1901) et de la Cerisaie (1904).
Entre-temps, le nombre de ses récits auxquels il dut de gagner une popularité toujours
croissante en tant qu'interprète des dispositions et des états d'âme de son temps
s'était considérablement augmenté.
Dans ses pièces comme dans ses nouvelles, on relève une
atmosphère spéciale, que Korolenko a excellemment définie comme l'état d'âme d'un
joyeux mélancolique. La pleine appréciation de la valeur artistique de
l'uvre de Tchekhov n'est venue que plus tard ; toutefois, il convient de
rappeler l'admiration que professèrent pour lui Léon Tolstoï et Maxime Gorki, ainsi que
l'influence qu'il exerça hors de Russie, sur Katherine Mansfield par exemple.
Les oeuvres d'art se divisent en deux catégories : celles qui me plaisent et celles qui ne me plaisent pas. Je ne connais aucun autre critère. |
Rien n'unit aussi fort que la haine : ni l'amour, ni l'amitié, ni l'admiration. |
Ceux qui n'ont pas l'esprit libre ont des pensées toujours confuses. |
C'est affreux de connaître le secret d'un autre et de ne pas pouvoir l'aider. |
L'état normal d'un homme est d'être un original. |
Nous ne sommes pas heureux, et le bonheur n'existe pas ; nous ne pouvons que le désirer. |
Ce ne sont ni les brigands ni les incendies qui détruisent le monde, mais la haine, l'hostilité, les petites intrigues... |
Le public ? Il a toujours été comme un troupeau : en quête de bons bergers et de bons chiens, et allant toujours là où le menaient les bergers et les chiens. |
L'indifférence est une paralysie de l'âme. |
Tout a été dit et fait, et aucune littérature ne peut dépasser le cynisme de la réalité. On ne soûle pas avec un verre celui qui a déjà bu une barrique. |
Ne peut être beau que ce qui est grave. |
Entre Dieu existe et Dieu n'existe pas, s'étend tout un champ immense que traverse à grand-peine le vrai sage. |
Ils se marient, car tous les deux ne savent que faire d'eux-mêmes. |
Les hommes intelligents aiment apprendre. Les imbéciles aiment enseigner. |
La paresse et l'oisiveté, c'est contagieux ! |
Si vous craignez la solitude, ne vous mariez pas ! |
Le talent, c'est la hardiesse, l'esprit libre, les idées larges. |
Il ne faut pas montrer sur la scène un fusil si personne n'a l'intention de s'en servir. |
Qui ne sait pas être serviteur ne pourrait être maître. |
Quel que soit le sujet de la conversation, un vieux soldat parlera toujours de guerre. |
Lorsqu'on n'a pas de vie véritable, on la remplace par des mirages. C'est tout de même mieux que rien. |
La Cerisaie est la dernière pièce de Tchekhov, publiée en 1904, l'année même de sa mort. Elle comporte quatre actes et, comme dans presque tous les drames et les comédies de Tchekhov, l'action est presque inexistante ; pas de véritable intrigue, mais une suite de tableaux où l'atmosphère créée par l'artiste naît de l'état d'âme des personnages eux-mêmes. Le véritable protagoniste est la "cerisaie", verger enchanté où les arbres sont toujours en fleurs, où les oiseaux chantent sans cesse, mais qui par suite des exigences impitoyables d'une nouvelle existence fondée sur les affaires devra disparaître. Cependant la cerisaie disparaîtra trop tard pour sauver ses propriétaires qui, inconsciemment, ont préféré leur ruine à sa destruction.
La Cerisaie, comme tout le théâtre de Tchekhov, fut un succès grâce à la mise en scène de Stanislasky et de Nemirovitch-Dantchenko, les créateurs du "Théâtre d'Art" de Moscou.
Lioubov Andreevna Raneskaïa, la propriétaire de la cerisaie, revient à la maison après un séjour à l'étranger, où elle avait suivi son amant qui l'avait complètement ruinée. La propriété va être mise aux enchères à cause des dettes : voilà l'événement qui pèse sur tous les personnages et sur les amis qui vivent avec et autour de la famille de Lioubov Andreevna Raneskaïa, chacun écrasé par ses propres soucis ou habité par ses propres espoirs...