Charles Baudelaire

 

sommaire                                                                                                                       pour nos maux

   
 

AUTEURS
Camus,   Nietzsche,   Einstein, Desproges, Wolinski, Lacan, Gracian,  Cioran....

THEMES
l'Amitié, la Confiance, le Pouvoir, l'Ennui
...


PROVERBES DU MONDE.
Africains, Arabes, Allemands, Chinois, Russes, Québequois...


Citations en images

 

 

  Tous les poèmes des  FLEURS DU MAL
 

Placée sous le signe d'une double obsession, la douleur du spleen et la lumière de l'idéal, la vie de Baudelaire est un constant déchirement :Baudelaire est en permanence penché sur lui ; tel Narcisse, il se voit voir; Baudelaire ne s'oublie jamais.

Né le 9 avril  1821 dans un milieu bourgeois cultivé et raffiné, mais :
Lorsqu'il a  6 ans son père meurt. L'année d'après, sa mère se remarie avec le général Aupick ; Baudelaire vit très mal ces deux évènements.
A 18 ans, il commence à étudier le droit, mais il se brouille avec son beau-père en raison de ses fréquentations : baudelaire se plait  dans le milieu bohème et marginal des artistes et des prostituées.
Pour l'éloigner de ces influences, sa famille l'embarque sur un paquebot à destination de Calcutta ; mais après un séjour dans les iles de l'océan indien, Baudelaire revient à Paris et mène une vie de dandy : dépenses multiples et tapageuses, refus de la morale bourgeoise...Inquiets de voir son héritage dilapidé, ses parents obtiennent qu'un notaire gère ses biens
Pour vivre, Baudelaire devient critique d'art  et traduit les nouvelles d'Edgar Poe qu'il a découvert en 1851
en 1857 il  publie la première version des "fleurs du mal"
Le receuil est condamné pour "offense à la morale publique et aux bonnes moeurs" ; bouleversé, le poète se juge incompris.
Il compose alors un recueil de poèmes en prose "le spleen de Paris" et s'interroge sur la drogue et les paradis artificiels (1860)
Il meurt en 1867 à quarante six ans

 

  $Il faut travailler, sinon par goût, au moins par désespoir, puisque, tout bien vérifié, travailler est moins ennuyeux que s'amuser
  ¯   Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise.
  Ø  Le mal se fait sans effort, naturellement, par fatalité ; le bien est toujours le produit d'un art.
  ©  Le diable, je suis bien obligé d'y croire, car je le sens en moi !
  Þ Il n'est pas de plaisir plus doux que de surprendre un homme en lui donnant plus qu'il n'espère.
  4  Il n'existe que trois êtres respectables : le prêtre, le guerrier, le poète. Savoir, tuer et créer.
  ¿  Ne pouvant pas supprimer l'amour, l'Eglise a voulu au moins le désinfecter, et elle a fait le mariage.
  Æ   Etre un homme utile m’a toujours paru quelque chose de bien hideux.
  §    Faut-il qu'un homme soit tombé bas pour se croire heureux.
  $  Un homme qui ne boit que de l'eau a un secret à cacher à ses semblables
  ¿    Mais qu'importe l'éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l'infini de la jouissance !
  Ø     Le rire est satanique, il est donc profondément humain.
  ¿  Rien n'égale en longueur les boiteuses journées,
     Quand sous les lourds flocons des neigeuses années
     L'ennui, fruit de la morne incuriosité,
     Prend les proportions de l'immortalité ( Baudelaire)

 

 

Poèmes :
Le chat
l'albatros
Élévation
 

  L'ennemi
L'homme et la mer
L'horloge
 

 

Le Chat     

Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux;
         Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
       Mélés de métal et d'agate.

Lorsque mes doigts caressent à loisir
        Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s'enivre du plaisir
      De palper ton corps électrique,

Je vois ma femme en esprit. Son regard,
        Comme le tien, aimable bête.
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,

Et, des pieds jusque à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum,
      Nagent autour de son corps brun.

 

L'albatros                                                                             

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage.
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

Le poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Éxilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

     
   

Élévation                                             

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et, bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.


Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;

Celui dont les pensées, comme les alouettes,
Vers les cieux le mation prennent un libre essor,
Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !

 

L'ennemi                                                  

Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les rateaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?

O douleur ! ô douleur ! Le temps mange la vie.
Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !

 

     
 

 

L'homme et la mer                               

Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame.
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes,
O mer, nul ne connait tes richesses intimes
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellemment vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, ô frères implacables !

 

L'horloge                                                                  

HORLOGE ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : "Souviens-toi!"
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible ;

Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse ;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.

Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote : Souviens-toi ! Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !

Remember ! souviens-toi ! prodigue ! Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or !

Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi,
Le jour décroît ; la nuit augmente : souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.

Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le Repentir même (oh ! la dernière auberge !),
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard !"