Françoise Sagan

 

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AUTEURS
Camus,   Nietzsche,   Einstein, Desproges, Wolinski, Lacan, Gracian,  Cioran....

THEMES
l'Amitié, la Confiance, le Pouvoir, l'Ennui
...


PROVERBES DU MONDE.
Africains, Arabes, Allemands, Chinois, Russes, Québequois...


AUTRES CITATIONS
Aristophane, George Orwell, Jim Morrison..

 


Elle a dit ou écrit  :  cliquer  Questionnaire de PROUST
Insolite
Elle préfère aimer, admirer, dire du bien, célébrer les individus qui assument leur orgueilleux isolement :
 Carson McCullers, Tennessee Williams, Sartre, Omar Sharif et Ava Gardner, Orson Welles et François Mitterrand...

Françoise Sagan est un écrivain moderne : Plus importante que ses livres, plus célèbre que ses personnages.  L'héroïne, c'est elle. Toute son oeuvre parle du combat perdu d'avance contre la solitude. Elle a compris et retranscrit comme personne les émotions humaines : l'amour, la Solitude, le bonheur, la souffrance. Les femmes sont amoureuses et les hommes immatures.

Les personnages de Sagan sont essentiellement seuls, mais ils ne font pas un drame de leur angoisse existentielle. Les contingences matérielles comptent peu, ce n'est pas une romancière du quotidien. Elle est peintre des sentiments comme d'autres ont été avant elle peintre de caractères.

 Elle ne la sacralise pas la littérature comme il est à la mode de le faire. Même si elle travaille plus qu'elle ne le dit.... Elle emploie souvent le mot "bref".

 «La littérature, écrit-elle dans Derrière l'épaule, est une longue et tempétueuse syncope. Je me réveillerai un jour en froid avec ceux que j'aime et mal à l'aise avec moi-même, mais délivrée, allégée, comme saignée de quelque chose qui m'alourdissait le sang. Toutes les sucreries du loisir n'auront rien pu contre ça, ce cadeau sans prix, cette bonne conscience toujours offerte, ce désir toujours mouvant et la liberté qui en découle : le plaisir d'écrire.»

Libération, en janvier 1998, dans un numéro d'hommage à tous les «J'accuse» proférés en France, publie le Manifeste des 121, rédigé en 1960 sur «le droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie». Et le nom de Frank, comme celui de Sagan, est omis dans la liste des signataires. Sagan, qui n'était pas du genre à prendre la plume pour écrire aux journaux, adressa à la rédaction la lettre suivante : «Monsieur, je m'étonne de ne pas voir mon nom, ni celui de Bernard Frank dans la liste des signataires des 121. Nous fûmes pourtant sur ce sujet, interrogés, le même jour par la police française et je fus pour ma part plastiquée un peu plus tard ­ ce que rapporta la presse d'alors. Ma réputation de futilité étant bien assise, je vous serais reconnaissante d'en citer à l'occasion les exceptions.»

Elle était «trop» diraient les jeunes. Trop de tout. Trop de dettes, de redressements fiscaux, d'impayés. Trop de notes de frais, le festival de Cannes, dont elle présida le jury, s'en souvient comme d'un record depuis inégalé. Trop de déménagements aussi..

Trop de frange aussi : ce rideau de cheveux qui lui mangeait les yeux et dont elle balayait sans cesse la gêne comme on chasse une idée sombre, un papillon noir. Trop de faux amis et de vrais ennemis. Un soir chez Pivot ( fin des années 70), Sagan était invitée. Mais Roland Barthes aussi.  Il se passa que Roland rendit hommage à Françoise et qu'ils se mirent avec un brio inouï à converser à la façon des salons littéraires sur les passions, celles qui nous minent, celles qui nous exaucent.

Née en 1935, a vécu 69 ans, s'est éteinte à Honfleur en septembre 2004.

Quelques livres : Bonjour Tristesse, Aimez-vous Brahms ?, La chamade, Des bleus à l'âme, Avec mon meilleur souvenir. (des textes sur Billie Holiday, Tennesse Williams, Sartre, Orson Welles).                                                                                                                                                                      

Mes façons à moi de suivre l'existentialisme : Laisser aux gens la liberté d'agir, et se définir par leurs seuls actes. (Derrière l'épaule)
Ce qui est une définition juste de la liberté, selon "l'être ou le néant" ou même selon Heidegger. Qu'il ne soit jamais question de théoriser sur le roman par la philosophie puisqu'il s'agit de la mettre en acte.
Les romans de Sagan sont phénoménologiques.. On dit, on montre les choses, on raconte. Mais pas de salades philosophiques, d'explication ou de justification. Elle est de la famille de Proust et de Sartre qui racontent et jamais n'expliquent. Les personnages bougent, agissent, jamais le romancier n'intervient pour donner la clé. Ce que Sartre justement reprochait à Mauriac démiurge tout puissant qui d'en haut jugeait.
Ce qui m'attire dans le jeu, c'est que les participants ne sont ni méchants ni radins, et que l'argent retrouve là sa fonction exacte: quelque chose qui circule, qui n'a plus ce caractère solennel, sacralisé, qu'on lui prête ordinairement.
Je découvris que l'être humain était mon seul gibier, le seul qui m'intéressât, le seul que je n'arriverais jamais à rattraper, mais que je croirais frôler, peut-être, parfois, dans un de ces grands moments de bonheur que donne la faculté d'écrire.
Ci-git et ne s'en console pas Françoise SAGAN
Fit son apparition en 1954, avec un mince roman, Bonjour tristesse, qui fut un scandale mondial. Sa disparition, avec une vie et une oeuvre agréables et bâclées, ne fut un scandale que pour elle-même.
à Jean-Paul Sartre :

Bref, vous avez aimé, écrit, partagé, donné tout ce qui était l'important, en même temps que vous refusiez tout ce que l'on vous offrait et qui était l'importance. .

Vous ne vous êtes jamais conduit en Narcisse, pourtant un des trois seuls rôles réservés aux écrivains de notre époque avec ceux de petits maîtres et de grands valets.

Mon passe-temps favori, c'est laisser passer le temps, avoir du temps, prendre son temps, perdre son temps, vivre à contretemps.
Nous sommes peu à penser trop, trop à penser peu.
Cette effrayante santé morale que donne l'ambition !
Mes façons à moi de suivre l'existentialisme : Laisser aux gens la liberté d'agir, et se définir par leurs seuls actes. (Derrière l'épaule)
Je ne suis le porte-drapeau de personne, Ecrire est une entreprise tellement solitaire...
Tromper est un acte de haute solitude et les êtres humains sont plus complexes que l'addition de nos regards ironiques et blasés.
La légèreté c'est assez difficile à réussir. Dans la vie, comme dans les livres.
J’aime bien jeter l’argent par les fenêtres, surtout s’il y a quelqu’un dessous pour le ramasser.
L'image qu'on a donné de moi pendant des années n'est pas forcément celle que j'aurai souhaitée... Mais finalement, elle était plus plaisante que d'autre. Tout compte fait, whisky, Ferrari, jeu, c'est une image plus distrayante que tricot, maison, économies.
Moi, je sais à quoi m'en tenir sur mes petits romans. Je n'ai pas à en avoir honte, ce n'est pas de la mauvaise littérature, c'est du travail honnête. mais je sais lire, j'ai lu Proust, j'ai lu Stendhal... Des gens comme ça, ça vous rabat le caquet.
Rire. Faire rire. Rire soi-même. Revenir au plus naturel de cette personne privée, que l'on fréquente si peu et qu'est soi-même, et déclencher en elle quelque chose qui est à la fois l'enfance, l'adolescence et la vieillesse, quelque chose qui relie notre appartenance à ce monde et notre recul devant lui : notre goût avoué de la vie et notre refus dédaigneux de la mort, réunis ne serait-ce que trois minutes, mais trois minutes d'un bel et bon orgueil.
Quand on se tue, c'est pour infliger sa mort aux autres. Il est très rare de voir des suicides élégants.
 
La solitude, c’est cette conscience d’un soi immuable, assez perdu et incommunicable à la fois. Presque biologique, en somme.

Questionnaire de Proust

- Quel est pour vous le comble de la misère?
  La maladie, la mort d’autrui, s’ennuyer avec soi.

- Où aimeriez-vous vivre?
  A Paris.

- Quel est votre idéal de bonheur terrestre?
   Il y en a trop.

- Pour quelles fautes avez-vous le plus d’indulgence?
  Les excès.

- Quels sont vos metteurs en scène de cinéma favoris?
 Schlesinger, Fellini, Sirk, Truffaut.

- Quels sont vos peintres favoris?
  Pissaro, Sisley, Hopper.

- Quels sont vos musiciens favoris?
  Beethoven, Verdi, Fats Waller.

- Quelle est votre qualité préférée chez l’homme?
  L’imagination.

- Quelle est votre qualité préférée chez la femme?
  L’imagination.

- Quels sports pratiquez-vous?
  Autrefois, de plein air.

- Seriez-vous capable de tuer quelqu’un?
  J’espère que non, mais je crois que oui.

- Quelle est votre occupation préférée?
  Ne rien faire.

- Qui auriez-vous aimé être?
  Trop de gens.

- Quel est le principal trait de votre caractère?
  Un certain humour, peut-être.

- Qu’appréciez-vous le plus chez vos amis?
  La même chose.

- Quel est votre principal défaut?
  Un certain humour, sûrement.

- Quelle est la première chose qui vous attire chez un homme?
 La chaleur, le naturel, la force.

- La couleur que vous préférez?
  Rouge.

- La fleur que vous préférez?
  Rose.

- Quels sont vos auteurs préférés en prose?
  Proust... et cent autres.

- Quels sont vos poètes préférés?
  Baudelaire, Apollinaire, Eluard, Whitman, Racine.

- Quels sont vos héros dans la vie réelle?
  Les distraits.

- Quels sont vos noms favoris?
  Valparaiso, Syracuse, Santiago.

- Que détestez-vous par-dessus tout?
  L’assurance, la cruauté, la prétention.

- Quel est le don de la nature que vous aimeriez avoir?
  Jouer du piano.

- Croyez-vous à la survie de l’âme?
  Non.

- Comment aimeriez-vous mourir?
  Vite et agréablement.

- Etat présent de votre esprit?
  Epuisée par le questionnaire et tourmentée.                                                                         
                                                                                                                                                              

Johnny et Françoise en 1998

2004, Johnny :
Nous nous sommes croisés à Saint-Tropez, à plusieurs reprises. Mais notre première vraie rencontre fut comme un révélateur. Nous étions tous les deux invités à un dîner avant que David ne crée pour moi l'album Sang pour Sang. On s'est tout de suite compris. Nous étions aussi déracinés l'un que l'autre. Le dîner touchait à sa fin. Nous nous sommes quittés. Le lendemain, à 6 heures du matin, mon fax crépitait. C'était Françoise, qui m'envoyait "quelques cris". j'étais bouleversé. Personne n'arrivait à trouver la mélodie pour mettre en lumière ces mots-là, magnifiques, jusqu'à ce que David, enfin, y parvienne. ..