Baruch SPINOZA

sommaire                                                                                                                        1632-1677

 

AUTEURS
Camus,   Nietzsche,   Einstein, Desproges, Wolinski, Lacan, Gracian,  Cioran....

THEMES
l'Amitié, la Confiance, le Pouvoir, l'Ennui
...


PROVERBES DU MONDE.
Africains, Arabes, Allemands, Chinois, Russes, Québequois...


AUTRES CITATIONS
Aristophane, George Orwell, Jim Morrison..

 

 

http://www.spinozaetnous.org/index.html                                                                             Ethique
Spinoza avait raison : Livre du Dr Damasio de 2003
Damasio rejoint Spinoza, 'élève de Descartes qu'on a voulu oublier parce qu'il ne distinguait pas l'esprit du corps, mais qu'il voulait qu'ils soient tous deux faits d'une seule et même matière.
Tout le livre est une éclatante démonstration que les neurosciences, bien loin de "réduire l'homme à un superordinateur", montrent au contraire qu'il est bien une extraordinaire machine de chair et de sang capable, au fil des innombrables millénaires d'évolution, par l'immersion dans la nature et le contact avec ses semblables, de se modifier elle-même, c'est-à-dire de faire preuve d'esprit.

Damosio a aussi écrit "L'erreur de Descartes".
L'erreur de Descartes, c'était de vouloir faire, de l'esprit (l'âme) et du corps (le cerveau) deux entités distinctes, séparées et peut-être indépendantes l'une de l'autre.
Cette représentation est erronée mais perdure encore aujourd'hui, non seulement dans les habitudes de pensée d'une grande majorité de personnes, mais aussi chez de nombreux psychologues, psychothérapeutes et même médecins psychiatres.

Plutôt que "je pense, donc je suis", il aurait fallu dire "je suis, donc je pense".

La haine doit être vaincue par l'amour et la générosité.
Je suis éternel ; le fait que j'ai existé un jour est éternel
Le repentir est une seconde faute.
Si vous voulez que la vie vous sourie, apportez-lui d'abord votre bonne humeur.
Dans la mesure où une chose convient à notre nature, elle est nécessairement bonne.
Les hommes sont conduits plutôt par le désir aveugle que par la raison.
C'est aux esclaves, non aux hommes libres, que l'on fait un cadeau pour les récompenser de s'être bien conduits.
Les hommes se trompent quand ils se croient libres ; cette opinion consiste en cela seul qu'ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés.
La satisfaction intérieure est en vérité ce que nous pouvons espérer de plus grand.
Le désir est l'essence même de l'homme, c'est à dire l'effort par lequel l'homme s'efforce de persévérer dans son être .
Le chat n'est pas tenu de vivre selon les lois du lion.
La chose du monde à laquelle un homme libre pense le moins, c'est la mort ; et la sagesse n'est point la méditation de la mort mais de la vie.
L'être d'un être est de persévérer dans son être.
La peur ne peut se passer de l'espoir et l'espoir de la peur.
La paix n'est pas l'absence de guerre, c'est une vertu, un état d'esprit, une volonté de bienveillance, de confiance, de justice.
La joie est le passage de l'homme d'une moindre à une plus grande perfection.
L'orgueil est le fait d'avoir, par amour, une opinion plus avantageuse que de raison sur soi-même.
L'homme libre, qui vit parmi les ignorants, s'applique autant qu'il le peut à éviter leurs bienfaits.
Ne pas railler, ne pas déplorer, ne pas maudire, mais comprendre.
 
 

Exclu de la communauté juive après avoir suivi des études rabbiniques, Spinoza est l’auteur d’un des plus spectaculaires séismes de l’histoire de la philosophie. Réfutant les idées judéo-chrétiennes de création du monde et de libre arbitre, bouleversant de fond en comble les conceptions classiques de Dieu, de la nature et de l’homme, «l’Ethique» ou le «Traité théologico-politique» vaudront à leur auteur une détestation dont on imagine à peine aujourd’hui la violence. Comment résumer ce «formidable attirail de théorèmes», dont Bergson a pu dire qu’il tétanisait d’«admiration et de terreur»? L’homme n’est pas «un empire dans un empire», telle est la grande idée spinoziste.
Ignorant les forces qui nous déterminent, nous croyons agir librement.
Cette illusion est la source la plus pernicieuse de l’aliénation humaine,
des passions tristes et de tous les égarements théologiques. Elle doit être chassée par une compréhension adéquate de notre nature, qui peut mener l’homme à une véritable béatitude, loin de la perfection imaginaire du sage stoïcien.

Baruch Spinoza par Bernard Henry Lévy


1/ L’éveilleur
S’il ne fallait citer qu’un nom, je crois que, comme beaucoup, ce serait celui de Hegel. Hegel, forcément. Hegel, hélas. Hegel à cause de l’éblouissement, du vertige, presque de l’ivresse, éprouvés il y a trente ans, quand je suis pour la première fois entré dans cette langue magnifique, dans cette folie logique, dans cette façon, pour le coup, de faire aboutir le monde dans un très beau et très grand livre – jamais je n’ai ressenti à ce point combien était juste la remarque d’Ulrich Sonnemann que cite toujours Adorno quand il dit qu’un grand philosophe est toujours un grand écrivain. Et Hegel aussi parce que, malgré tout ce qui a suivi, malgré Sartre, malgré Franz Rosenzweig, malgré Georges Bataille, malgré Nietzsche, malgré Heidegger, bref, malgré tous ces «juifs-de-Hegel» dont j’ai expliqué ailleurs qu’ils ont consacré la totalité du xxe siècle à tenter de briser la clôture de l’idéalisme spéculatif, malgré tout cela, nous n’en sommes, ni eux, ni moi, ni aucun d’entre nous, jamais tout a fait sortis.
Alors, la place de la «Phénoménologie» et de la «Logique» dans l’enseignement universitaire? A l’époque ça commençait. Nous avions le commentaire de Kojève, qui sortait de la confidentialité littéraire et sulfureuse où il avait été confiné tout au long des années 1950 par une université que dominait, en gros, le kantisme. Aujourd’hui, je ne sais pas. Je pense que les dernières résistances ont été vaincues. Mais, de fait, je ne sais pas… Et si j’avais un nom à souffler, un conseil à donner, ce serait: Hegel encore, Hegel toujours, Hegel pour sortir de Hegel – ou pour montrer qu’on n’en sort jamais.

2/ L’inspirateur
En ce moment, je travaille sur la question du fondamentalisme. Alors il y a un texte, forcément, que je trouve sur ma route. Un texte indépassable si l’on veut réfléchir à cette affaire d’articulation, ou disons plutôt de nécessaire désarticulation, entre le théologique et le politique. Et ce texte, c’est évidemment celui de Spinoza. Là aussi, un écrivain admirable. Et là aussi, une conceptualité puissante qui permet de rééclairer les questions les plus difficiles, ou les plus apparemment insolubles, de la modernité politico-religieuse. Qu’est-ce qu’un prophète ? Un apôtre ? Une pierre sainte ? Le sacré ? D’où vient le fanatisme ? Qu’est-ce qu’une loi ? Qu’est-ce qui la fonde ? Comment les hommes font-ils leur salut ? Pourquoi les superstitions ?
Je suis venu à Spinoza, jadis, dans un tout autre contexte: à travers les remarques laconiques d’Althusser, et celles de Jacques Lacan. Aujourd’hui, autre climat, autres enjeux: j’essaie de retrouver les «poussées intérieures du système» avec, dans la tête, le problème de l’islamisme radical, la voix de Ben Laden et le visage supplicié de
Daniel Pearl.

3/ Et aujourd’hui ?
J’ai cité Franz Rosenzweig tout à l’heure. J’aurais pu, bien entendu, citer aussi Emmanuel Levinas, qui m’a amené à Rosenzweig et dont l’œuvre propre m’intéresse depuis la fin des années 1970 et «le Testament de Dieu». Avec Benny Lévy, nous avons créé à Jérusalem un Institut d’Etudes lévinassiennes. C’est l’occasion, pour moi, de relire dans le détail «De Dieu qui vient à l’idée», les «Lectures talmudiques» ou le merveilleux «Noms propres». Il y a là, sur cette ligne qui va de Rosenzweig à Lévinas en passant par Buber ou Scholem, l’un des filons les plus riches, les plus féconds, de la philosophie contemporaine. C’est là, dans cette façon de dire que la première des tyrannies est celle de «l’Etre» et de «l’Histoire», que j’ai trouvé les pierres d’angle de mon antitotalitarisme. A part ça, et s’il faut tout vous dire, je lis en ce moment «le Périple structural» de Jean-Claude Milner (Seuil, 2002), qui est comme le roman vrai de la grande aventure intellectuelle que fut le «structuralisme». Et puis, inlassablement, les grands textes pessimistes du dernier Freud, «Malaise dans la civilisation» notamment. B.-H. L.