Marie de Hennezel
Notes de lecture de "La sagesse d'une psychologue" (2009, oeil 9 éditions)
Petite, elle
reçoit comme cadeau un microscope et se met à traquer l'infini petit, tout ce
qui se cache derrière les apparences.
Elle prend conscience de deux sentiments qui guide sa route depuis : Celui de la
précarité de la vie et celui d'être habitée d'une force intérieure. Cette force
que Lou Andréas Salomé dont elle dévorera les livres plus tard, décrit comme :
"Quelque chose qui est en nous, qui brule du feu de la vie, qui exulte et
cherche à s'échapper"
A la faveur d'une grossesse difficile, Marie lit de la psychanalyse et découvre Freud, Jung, Dolto.
A 30 ans psychoclinicienne, elle écoute les femmes qui prennent la décision d'avorter. Elle découvre alors l'ambivalence qui caractérise la vie psychique. On peut vouloir une chose et désirer son contraire. A cette période, elle continue de se familiariser avec la pensée de Jung. La coexistence des contraire est au coeur de la théorie jungienne. Ne pas chercher à la résoudre, telle est la voie qu'il propose. Tenir ensemble les contraires et laisser advenir ce qu'il appelle "le troisième terme". Marie découvre avce étonnement qu'en restant présent à ses contradictions, sans chercher à les réduire, la solution vient d'ailleurs. Quelque chose se produit, ou bien un autre point de vue s'impose, qui changent la situation. Découverte inouïe, que la vie n'a cessé de confirmer.
Grâce à l'appui de François mitterand, elle rejoint la première équipe de soins palliatifs en france.
p21 : "Mais étudier l'âme, l'observer, ne suffit pas. certains s'en contentent. Ce ne sont pas des psychologues. Ils se privent de l'essentiel : la rencontre avec l'autre, qui ne laisse jamais indemne...Parler à l'âme d'autrui. Laiiser parler cette âme, l'entendre, dialoguer avec elle, prendre soin d'elle. Voilà la mission du psychologue."
"Je préfère le mot âme au terme grec de psyché. L'âme c'est ce qu'il y a de plus profond, de plus intime, de plus mystérieux et secret chez l'être humain. C'est sa vie affective, sa subjectivité, ses sentiments, ses intuitions, sa pensée, sa sensibilité. Tout un monde intérieur de réprésentations, de mouvements, d'émotions, qui échappe à tout contrôle, à toute tentative d'appropriation." "On peut blesser l'âme, l'opprimer, l'hulilier, la torturer, mais on ne peut l'anéantir. Elle se protège derrière d'épaissens murailles, se rétracte au fond d'immenses souterrains, promène sa peine en quête d'apaisement et finalement continue à vivre dans l'invisible, m^me quand le coprs est détruit. C'est cette aêm chantée par les poètes, explorée par les Grecs, puis par la psychanalyse avce Freud et Jung, dont, et , à qui je veux parler".
"C'est ce qui m'intéresse chez l'autre. Cette profondeur sensible en lui, en ellen son "état d'âme", tellement plus passionnant que les aléas de sa santé ou ses états de service."
"Ce qui nous est commun à nous les psys, c'est cette volonté d'aider nos semblables à trouver leur être et à se tenir debout, dans l'équilibre toujours fragile entre force et vulnérabilité."
"Nous engageons notre responsabilité, au sens où Lévinas l'a si justement écrit...Si nous nous confortons strictement aux théories ou aux pratiques que l'on nous a enseignées, sans respect infini pour la personne que nous soignons, nous courrons le risque de la malfaisance. C'est pourquoi Jung, disciple puis adversaire de Freud a pu déclarer que le psychothérapeute se doit d'oublier la théorie qu'il a apprise et d'être simplement une personne à la rencontre d'une autre. "sa méthode c'est lui", affirmait-il. Une phrase que je n'ai jamais oublié. "
P34 : "Pourquoi avoir choisi la voie de Jung, alors que la mode de l'époque portait plutôt vers Lacan ?... La lecture de Jung, en particulier "ma vie" et "la guérison psychologique" avait été un choc. Je savais en le lisant que je découvrais un esprit véritablement libre qui n'avait pas craint de sacrifier son amitié avec Freud, pour suivre l'évolution de sa propre pensée."
Essentiel : "Savoir
écouter" et "penser par soi-même".
Savoir écouter n'est pas "chercher à comprendre". C'est en cela que les psy
diffèrent radicalement des philosophes et de leur amour du concept. Les
philosophes cherchent "la Vérité". et ce faisant évacuent la pensée de l'autre.
Méfions-nous donc de ce monde conceptuel qui à l'aide de notions décrétées
claires, aimerait bien couvrir et enfuir la réalité de la vie.
p39 : Bien des personnes qui viennent vers un psy souffrent de "normose". Elles se sont conformées et soumises au désir de l'autre, pour conserver son amour ou son estime. Nous ne pouvons les aider que si nous avons pris le risque de penser par nous-mêmes. Cela suppose une bonne dose d'humilité, accepter la remise en question. L'inconscient de l'autre viendra nous provoquer dans la région nopn analysée de notre propre inconscient. Dans notre "point aveugle"."
Tout est mouvement, tout se transforme en permanence. la sagesse du YI KING, le livre des transformations (Richard Wilhem, 1994) http://www.psychologies.com/cfml/yi_king/
p43 : J'ai appris ainsi que rien n'est jamais désespéré, que "tout moment est le bon". J'ai appris à ressentir le présent, non comme une matière fixe, immobile, inerte mais vivante, mouvante, ouverte aux possibles."
p 48 : Les rêves violents ne seraient pas forcément la réalisation d'un désir, mais devraient se comprendre comme Jung nous y invite, à l'intérieur d'un symbolisme plus génrale. Ils seraient une première tentative de la psyché pour intégrer ce qui la fait souffrir. Le rêve serait une tentative de soin.
p60 :C'est en observant les personnes à la toute extrémité de leur vie, au seuil de la mort, que j'ai compris que l'être humain n'a jamais "oublié" cette plénitude vécue au tout début de son existence, et qu'il cherche à la retrouver, avant de mourir, comme si seule cett expérience de sécurité ontologique pouvait permettre de consentir à se laisser glisser vers la mort.
Comme le philosophe Lévinas l'a si bien développé, l'être vulnérable fait appel à notre responsabilité infinie à son égard, et tout soignant sait combien il est sollicité dans le meilleur de lui-même. Or les soignants se protègent souvent dérrière des "barrières techniques".
p 67 : Notre monde d'effectivité technologique nous éloigne de plus en plus des valeurs affectives. On oublie ce qui porte l'être humain, ce qu'il cherche, ce qui l'épanouit, c'est une existence aimante. Bien des dépressions ont pour racine ce sentiment de n'être pas reconnu dans l'entièreté de son être.
p 79 : La mélancolie révèle que nos sommes des êtres limités, qui vivons côte à côte avec l'absolu. Lorsque l'histoire ou le développement affectif d'un individu ne lui permet pas d'accepter ses limites, lorsque l'extrême sensibilité de son être se heurte au caractère impitoyable de l'existence, lorque la nostalgie de l'absolu est trop forte, l'impossibilité d'y avoir accès le jette alors dans une amertume profonde, que rien ne peut paiser. Ainsi voisinent, chez le mélancolique, désir d'accomplissement et désir d'anéantissement. Voir "De la mélancolie" de Romano Guardini
p85 : Grâce à Bernard, j'ai découvert que la pensée de la mort n'empêche pas de vivre, au contraire. Nous évoquions souvent cette image que les Amérindiens donnent de la mort : un oiseau perché sur l'épaule gauche et qui, tous les matins demande : "Et si c'était pour aujourd'hui ? Es-tu en accord avec toi-même ? qu'est-ce qui t'importe ?"