Irvin D. YALOM    http://www.yalom.com/ 

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 Psychologie

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Notes de lecture de "thérapie existentielle"                                                                           En plein coeur de la nuit

Dans ses livres, tout y est : sens du récit, vérité des personnages, profondeur de la pensée. Et de passionnantes restitutions de thérapies, grâce auxquelles nous comprenons les évolutions singulières que vivent, ensemble et séparément, patients et thérapeutes.

Irvin D. Yalom ose aborder de front les questions qui nous assaillent parfois :
èPourquoi mourons-nous ?
èComment vivre en sachant que rien, ni l’amour ni l’intelligence, ne nous protégera du grand saut dans le vide ?
è Qu’est-ce qu’être libre ?
 « L’un des grands paradoxes de l’existence est que la conscience de soi engendre l’angoisse »,

élevé dans la pauvreté d’un ghetto, Irvin D. Yalom confie s’être nourri à la mamelle de la littérature existentielle, avalant, très jeune, tout Dostoïevski et Tolstoï.
Puis, plus tard, Sartre et Camus.
 En 1980, devenu psychiatre en Californie, professeur émérite de l’université de Stanford, il publie son texte le plus théorique : Existential Psychotherapy (Psychothérapie existentielle, à paraître en France en 2007).
 Là, il définit les quatre données de l’existence auxquelles toute souffrance explorée en thérapie renvoie :
è  l’aspect inéluctable de la mort, pour chacun de nous et ceux que nous aimons ;
è notre solitude fondamentale ;
 
è la nécessité d’être libre ;
è et enfin l’absence d’un sens évident de l’existence.

 

Extraits d’“Apprendre à mourir, la méthode Schopenhauer” Le thérapeute Julius Hatzfeld apprend que ses jours sont comptés. Qu’est-ce qui apaisera son angoisse ? La philosophie ou son métier ?

« Les sermons sur la vie et sur la mort, Julius les connaissait aussi bien que n’importe qui. Il était d’accord avec les stoïciens, pour qui “dès notre naissance, nous commençons à mourir”, et avec Epicure, qui disait : “La mort n’est rien pour nous, car quand nous sommes, la mort n’est pas là et, quand la mort est là, nous ne sommes plus.” En tant que médecin et psychiatre, il avait susurré ces mêmes paroles de consolation aux oreilles des mourants.Bien que convaincu que ces sombres réflexions fussent utiles à ses patients, jamais il n’avait envisagé qu’elles pussent le concerner lui. Et ce, jusqu’à ce moment terrible, quatre semaines plus tôt, qui fit basculer sa vie.

Ce moment était parvenu après le check-up de routine auquel il se soumettait tous les ans. Son médecin interniste, Herb Katz, vieil ami et ancien condisciple de la faculté de médecine, venait juste de terminer sa consultation. […] “J’aimerais que tu voies un dermatologue pour ces taches. […] Ce n’est probablement rien du tout, mais je préférerais tout de même qu’il vérifie. D’accord, cher ami ?” Ce n’est probablement rien du tout, mais je préférerais tout de même qu’il vérifie. […] Et aujourd’hui, rétrospectivement, Julius voyait dans cette phrase, dans cet instant précis, le moment où sa vie insouciante s’achevait et où la mort, jusqu’ici ennemi invisible, surgissait dans toute son effroyable réalité. Oui, la mort s’était bel et bien installée, elle ne le quitta plus une seule seconde et toutes les horreurs qui allaient suivre n’étaient que des post-scriptum prévisibles. […] »

« Une nuit qu’il ne trouvait pas le sommeil et qu’il cherchait à tout prix un réconfort, Julius parcourut fiévreusement sa bibliothèque. Aucun des ouvrages écrits par ses pairs ne lui parut répondre, ne fût-ce que de loin, à ses attentes. Rien qui pût lui indiquer comment mener sa vie ou tout simplement donner un sens aux derniers jours qu’il lui restait à vivre. Alors son œil tomba sur une édition toute cornée d’Ainsi parlait Zarathoustra, de Nietzsche. Ce livre, Julius le connaissait bien pour l’avoir étudié à fond, des dizaines d’années plus tôt, alors qu’il écrivait un article sur l’influence, aussi déterminante que méconnue, de Nietzsche sur Freud. Pour lui, Zarathoustra était un très grand livre qui, plus que tout autre, apprenait le culte et la célébration de la vie. Oui, elle était peut-être là, la clé qu’il cherchait. Trop tourmenté pour reprendre le texte dès le début, il feuilleta les pages au hasard et se concentra sur les quelques passages qu’il avait soulignés à l’époque. “Et qu’au lieu de dire : ‘Cela fut’, on dise : ‘C’est ce que j’ai voulu’ – voilà ce que j’appellerais la rédemption.” Julius comprit les paroles de Nietzsche comme une injonction à choisir sa propre vie, à la vivre plutôt que d’être vécu par elle. Autrement dit, il lui fallait aimer son destin. Il y avait surtout cette question maintes fois posée par Zarathoustra : serions-nous prêts à recommencer, encore et pour toujours, la vie que nous avons vécue ? Curieux exercice intellectuel. Et pourtant, plus il y songeait, plus il y trouvait de réponses : le message de Nietzsche était de vivre notre vie de telle sorte que nous accepterions de la recommencer éternellement. Il continua de feuilleter les pages, puis s’arrêta sur deux passages très distinctement soulignés de rose fluorescent : “Consommez votre vie” et “Mourez au bon moment”.

Ces mots firent leur effet. Vivez votre vie à fond, et alors, mais seulement alors, mourez. Ne laissez aucune vie non vécue derrière vous. Julius comparait souvent les propos de Nietzsche à un test de Rorschach : ils offraient tellement de prises possibles que c’était l’état d’esprit du lecteur qui déterminait ce qu’il en retiendrait. Or, aujourd’hui, il les lisait à travers un tout autre prisme. La présence de la mort le conviait à une lecture nouvelle, plus éclairée : page après page, se faisait jour une pertinence panthéiste dont il n’avait, jusqu’ici, pas fait grand cas. Quand bien même il exaltait une splendide solitude, quand bien même il exigeait l’isolement pour pouvoir accoucher de grandes idées, Zarathoustra n’en restait pas moins tendu vers l’amour et l’élévation des autres hommes, les aidant à se parfaire et à transcender, et partageant avec eux la sagesse. “Partager sa sagesse”, cela fit mouche. »

« Il avait déjà révélé l’existence de son cancer à de nombreux amis et à ses patients individuels mais, curieusement, son coming out auprès du groupe le préoccupait profondément – ce qu’il pensait être lié à la relation amoureuse qu’il entretenait avec ce groupe. Pendant vingt-cinq ans, chaque séance collective avait toujours été pour lui un motif d’excitation. Le groupe n’était pas simplement un rassemblement d’individus : il avait une existence propre, une personnalité bien trempée. […]

Le groupe exigeait de lui plus d’énergie qu’aucune autre de ses activités quotidiennes et Julius avait vraiment tout fait pour qu’il tienne debout. Tel un providentiel bateau de sauvetage, il avait transporté une horde d’êtres tourmentés vers des rivages plus sûrs et plus heureux. Combien ? Etant donné que le voyage durait en moyenne deux ou trois ans, Julius dénombrait au moins une centaine de passagers. De temps à autre, des souvenirs d’anciens patients revenaient le caresser, des fragments d’un échange, l’image brumeuse de tel visage ou de tel incident. C’était triste à dire, mais ces miettes de souvenirs étaient tout ce qu’il restait d’une époque riche et trépidante, tout ce qu’il restait d’épisodes débordants de vie, de sens et d’émotion. »

« C’est donc l’esprit agité et taraudé par toutes ces idées que Julius entra dans la salle de réunion à 16 h 30. Les membres étaient déjà assis, plongés dans des feuilles de papier qui disparurent en un clin d’œil aussitôt qu’il fit son entrée. Bizarre, pensa-t-il. Etait-il en retard ? Il consulta sa montre : non, 16 h 30 pile. Il n’y pensa plus et commença la lecture du texte qu’il avait préparé. “Bon. Eh bien, allons-y. Comme vous le savez tous, je n’ai pas l’habitude d’ouvrir les séances mais aujourd’hui je ferai une exception parce qu’il y a quelque chose que je dois vous annoncer, quelque chose de difficile à dire.

Voilà. Il y a environ un mois, j’ai appris que j’avais un sérieux… Je vais être direct : plus qu’un sérieux cancer, un cancer mortel de la peau, un mélanome malin. Je croyais être en bonne santé, mais il est apparu lors de mon dernier examen médical de routine…” Julius s’arrêta. Quelque chose clochait. Le langage gestuel des membres et les expressions de leurs visages n’étaient pas normaux. Leur posture n’était pas la bonne : ils auraient dû être tournés vers lui, concentrés sur lui. Au lieu de quoi, personne ne le regardait en face, personne ne croisait son regard, tous les yeux étaient fuyants, distraits, sauf ceux de Rebecca, qui étudiait en douce la feuille de papier posée sur ses genoux.

“Qu’est-ce qui se passe ? demanda Julius. J’ai l’impression qu’il n’y a aucun contact entre nous. Vous avez tous l’air préoccupé par autre chose, aujourd’hui.” […] Tout le monde était assis en silence, jusqu’à ce que Tony se décide à parler. “Bon, il faut que je vous dise quelque chose. […] Voilà mon problème : pendant que vous parliez à l’instant, je savais déjà ce que vous alliez nous dire sur votre… santé. Il m’était donc difficile de vous regarder et de faire semblant d’entendre quelque chose de nouveau. Et pourtant, il m’était impossible de vous interrompre pour vous dire que j’étais déjà au courant. — Comment ça ? Comment saviez-vous ce que j’allais vous dire ? Mais enfin qu’est-ce qui se passe aujourd’hui ? […] — Julius, excusez-moi, laissez-moi vous expliquer, répondit Gill. Eh bien, Philip nous a tout raconté sur, disons… votre santé et votre myélome malin. — Mélanome”, corrigea Philip à voix basse. […] Cloué sur place, Julius s’enfonça dans son fauteuil. “Je… euh… je ne sais pas quoi dire… Je me sens pris de court, comme si j’avais un grand scoop à vous annoncer et qu’on me coiffait au poteau, en plus à propos de ma propre vie – ou plutôt de ma mort.” Se tournant vers Philip et ne s’adressant qu’à lui seul : “Est-ce que vous vous êtes demandé une seconde comment je pourrais éventuellement réagir face à cela ?” […]

Julius se sentait mal. Il n’arrivait pas à décrocher le moindre sourire. Pourtant il se ressaisit et poursuivit. “Bien, je ferai de mon mieux pour parler de tout cela. […] — Julius, est-ce que vos jours sont vraiment en danger ? demanda Bonnie. Les informations que Philip a téléchargées… Toutes ces statistiques fondées sur les différents stades d’évolution du mélanome… — A question directe, réponse directe : oui, mes jours sont définitivement en danger. Il y a de bonnes chances pour que cette chose finisse par m’avoir. Je sais que ce n’est pas une question facile à poser et j’apprécie votre franc-parler, Bonnie, parce que je suis comme la plupart des gens qui ont une maladie grave : je ne supporte pas que les gens prennent des pincettes. Je crois que ça ne ferait que m’isoler et me faire peur. Je dois m’habituer à ma nouvelle réalité. Cela ne me fait pas plaisir… mais ma vie d’être humain en bonne santé et insouciant, eh bien, cette vie-là est définitivement en train de s’achever.” »

 

ENTRETIEN avec Irvin. D. Yalom

Nous sommes tous confrontés à des angoisses existentielles fondamentales. Mais les moyens d’y faire face existent, nous rappelle le thérapeute et écrivain américain. Il les expérimente au quotidien.

Psychologies : Vous revendiquez une « thérapie existentielle ». Pourquoi ? Irvin D. Yalom : Pour moi, l’existentialisme n’est pas une forme distincte de psychothérapie. Tout psychothérapeute devrait avoir un sens approfondi des questions existentielles qui se posent à chacun. Aux Etats-Unis, bien des thérapeutes sont contraints de ne pratiquer que des traitements à court terme, pour des raisons financières : les assurances de santé ne remboursent que les thérapies brèves… Ces thérapies fonctionnent sur certains symptômes, de comportement alimentaire par exemple, et visent à changer ceux-là. Mais beaucoup de gens consultent aussi pour des problèmes existentiels très profonds : des personnes âgées qui sont confrontées à une maladie grave ou à l’angoisse de la mort, des gens à l’approche de la retraite se demandent ce qu’ils vont faire de tout ce vide qui les attend… Ce sont des problèmes philosophiques, certes, mais qui touchent à la vie, à l’existence de chacun d’entre nous. La « thérapie existentielle » s’adresse à ces gens-là.

Une thérapie nous permettrait-elle d’alléger la souffrance d’être humain, tout simplement ? Certainement. Nous souffrons tous d’un certain niveau d’angoisse, nous sommes tous confrontés à des questions fondamentales. Cette souffrance est commune à chacun de nous. Mais certains y ont été exposés plus que d’autres, parfois trop tôt dans leur vie, ou parce qu’ils n’avaient pas les parents qui leur auraient permis d’acquérir la sécurité affective nécessaire à l’affrontement de ces épreuves, et ils en sont submergés. Je reçois des patients dans cet état, et je crois pouvoir les aider.

Quels moyens avons-nous pour surmonter le sentiment que notre condition est absurde ? Etre créatif est certainement un moyen de donner un sens à sa vie. Mais il existe également d’autres moyens : s’occuper des autres, s’engager pour une cause, avoir des relations aimantes et, pour certains, l’existence d’une présence divine. Tout ce qui nous vient de l’extérieur de nous-même et nous permet de nous sortir de nous-même.

L’étude de la philosophie pourrait-elle suffire à cela ? Pour Epicure, la misère humaine prend sa source dans la peur de la mort. Et la majeure partie de son œuvre est consacrée à l’étude des moyens pour nous soulager de cette angoisse. Mais en thérapie, se contenter d’asséner des principes ou de grandes idées ne suffit pas. Il faut aussi apprendre ou réapprendre à communiquer, à être en relation avec les autres. Mon roman The Schopenhauer Cure (« Apprendre à mourir, la méthode Schopenhauer ») en fait la démonstration : Philip, un ancien patient devenu psychothérapeute, croit pouvoir soigner les autres grâce à la philosophie schopenhauerienne. Jusqu’au jour où il se rend compte que c’est d’abord de Schopenhauer qu’il doit se guérir. La communication d’un savoir ne suffit pas à produire un effet thérapeutique si elle ne s’accompagne d’une relation forte entre thérapeute et patient.

Est-ce en cela que vous vous distinguez de la psychanalyse ? Je n’ai jamais considéré la psychanalyse comme un moyen très efficace de se soigner. Franchement, plusieurs années de divan à raison de deux séances par semaine, ce n’est pas particulièrement performant, vous ne trouvez pas ? Selon moi, l’efficacité est liée précisément au degré d’implication du thérapeute. Je n’ai jamais apprécié la distanciation, les silences, l’absence de contact visuel prônés par la psychanalyse. En revanche, je la recommande comme une excellente méthode pour se connaître, en particulier pour ceux qui entreprennent une formation de thérapeute. Car toute forme de thérapie est freudienne d’une manière ou d’une autre. Freud n’a pas inventé que la psychanalyse, mais également la psychothérapie. Le dernier chapitre d’Etudes sur l’hystérie, son tout premier ouvrage écrit en 1895 (Ecrit avec Joseph Breuer, Puf, 2002), est précisément consacré à la psychothérapie. C’est un chapitre vraiment extraordinaire. On y trouve toutes les questions importantes qui allaient se poser en psychothérapie au cours des cent années suivantes. Si l’on s’intéresse aux motivations inconscientes d’un patient, à ses rêves, à la manière dont le transfert affecte les relations, on est freudien. Dès lors que la parole intervient dans la thérapie, on est freudien. Pas de manière orthodoxe, bien entendu, mais dans l’esprit.

Vous avez écrit : « Un bon thérapeute n’est pas quelqu’un qui sait, mais quelqu’un qui cherche » (In « Le Bourreau de l’amour, histoires de psychothérapie », Galaade, 2005). C’est assez provocateur, non ? Quand j’entreprends un travail avec un patient, je n’ai pas de programme préétabli, je ne sais pas dans quoi nous allons nous embarquer tous les deux : il s’agit d’une sorte de voyage exploratoire. Chacun est unique, il faut donc, d’une certaine façon, créer une nouvelle thérapie pour chaque patient. Je veux être surpris : à chaque séance, je suis impatient de retrouver mon patient, et je me demande comment sa vie s’est déroulée depuis la séance précédente. De même qu’il est erroné de penser que nous savons tout de la nature humaine, l’orthodoxie en thérapie est une erreur.

Si chaque thérapie est unique, qu’est-ce qui fonde votre pratique ? Dès les années 1950, Carl R. Rogers avait conclu que l’attitude du thérapeute envers son patient était déterminante pour aider le patient à changer. Il avait défini les trois principales caractéristiques du « bon thérapeute », et elles sont toujours pertinentes. La première : le thérapeute est inconditionnellement du côté du patient, il le soutient. Deuxièmement, il se met en situation d’empathie – c’est-à-dire qu’il est capable de ressentir ce qu’éprouve son patient. Troisièmement, la relation que le thérapeute établit avec son patient doit être authentique, il doit être totalement présent, ne doit pas jouer un rôle, car le travail s’appuie sur la façon dont le patient communique avec son thérapeute. Il arrive par exemple que le patient contredise systématiquement tout ce que je dis. Dès lors, je lui demande s’il s’en rend compte, si ses contradictions étaient intentionnelles. Si ce n’est pas le cas, nous explorons alors les raisons qui pourraient expliquer ce genre d’attitude. Tout ce qui se passe au cours d’une séance constitue en fait du matériau pour ce travail exploratoire.

Et dans une thérapie de groupe ? Le thérapeute de groupe doit remplir deux tâches principales : il doit avoir une relation personnelle avec chacun des membres, lui donner quelque chose de particulier et, plus important encore, permettre au groupe de devenir le principal agent du changement. C’est très complexe un groupe. Il y a des patients qui éprouvent beaucoup de difficultés à établir une relation intime, seul, en tête à tête, avec un thérapeute. Pour eux, cette forme est tout indiquée. L’objectif du groupe est de permettre à chacun de travailler sur les relations avec les autres membres, une expérience que le patient peut ensuite étendre au reste de son entourage, dans sa vie quotidienne.

Y a-t-il des signes indiquant qu’une thérapie va dans la bonne direction ?

D’abord, on voit évoluer les patients. Les plaintes qu’ils nous adressaient au début tendent à s’espacer, voire à disparaître. Leurs relations aux autres changent. Et finalement, au bout de quelques mois – un an, deux ans ; pour moi, c’est désormais la durée maximale d’une thérapie –, on se rend compte que les séances n’occupent plus une place centrale dans leur vie. Ils vivent leur vie. Et les raisons pour lesquelles ils sont venus me voir se sont progressivement évaporées.

Quelles sont les joies et les peines de votre métier ? Cela ne fait aucun doute que notre activité donne un sens à notre vie. Les questions existentielles qu’elle soulève – s’occuper des autres, leur permettre de grandir et de changer – procurent un sentiment merveilleux. Mais le principal problème, pour beaucoup d’entre nous, c’est l’isolement. Bien que nous soyons dans une relation très intime avec les patients, nous travaillons seuls, tout au long de la journée, et les contacts entre confrères tendent à être rares ; c’est une situation paradoxale, l’intimité au patient d’un côté, l’isolement de l’autre. C’est également un métier stressant : le suicide d’un patient peut être dévastateur… Mais les joies que procure ce métier restent nettement supérieures à ses contraintes !

 

 
Notes de lecture de "thérapie existentielle"

Les néo-freudiens (Erich Fromm) considèrent que l'enfant n'est ni gouverné par ses pulsions, ni préprogrammé : c'est une personne qui outre des dispositions innées comme le caractère et le niveau d'activité est entièrement modelée par son environnement culturel et impersonnel. La sécurité constitue le besoin fondamental de l'enfant.
Un conflit peut naitre de son besoin de sécurité, de son besoin de reconnaissance et de sa croissance personnelle : dans ce cas, la sécurité est toujours sacrifié au profit de la sécurité (p 14)

La psychothérapie existentielle dit qu'il peut y avoir un conflit qui survient lors de la confrontation de l'individu aux fondamentaux de l'existence.

L'ouvrage traite de 4 de ces enjeux ultimes : la mort, la liberté, l'isolement fondamental et l'absence de sens.

A l'équation de Freud : Pulsion     è angoisse      è  mécanisme de défense
Se substitue l'équation : Conscience des enjeux ultimes      è angoisse      è  mécanisme de défense

page 62 : L'angoisse veut devenir une peur. Dans le chapitre "la vie, la mort et l'angoisse".cela protège plus.
Nous passons de l'angoisse du rien, traumatisante à une peur de quelque chose pour laquelle nous pouvons mettre en place des mécanismes de protection.

Deux défenses fondamentales contre la mort : Deux modalités radicalement différentes de gestion de l'angoisse fondamentale.
Mike croyait intimement en sa particularité et en son inviolabilité. Sam avait foi en un sauveur ultime.
Mike possédait un sens hypertrophié de l'autosuffisance alors que Sam, seul, n'existait pas et cherchait à fusionner avec l'autre.
Radicalement opposées sans s'exclure pour autant mutuellement, ces deux modalités constituent une dialectique utile permettant au clinicien de comprendre une grande diversité de situations cliniques.
p 160

Nous ne sommes qu'un parmi tant d'autres : l'univers ne nous reconnait pas de particularités. Les dés sont pipés, certaines dimensions immuables de l'existence sont au-dela de notre influence. En fait, ce que nous souhaitons "n'entre absolument pas en ligne de compte".
La croyance en la particularité personnelle possède un caractère hautement adaptatif.
p167

L'héroisme compulsif : style Hemingway

Le bourreau du travail :
Un des traits les plus frappants : croyance implicite "qu'il avance" et "qu'il progresse".
Le temps constitue un ennemi, il menace l'un des fondements de l'illusion de la particularité : la croyance dans le fait d'avancer éternellement.
Le mode de vie du bourreau de travail est compulsif et dysfonctionnel : le bourreau du travail s'applique, non parce qu'il le veut, mais parce qu'il le doit. Il n'est pas rare qu'il se pousse sans pitié et sans considération des limites humaines.
une lutte acharnée contre la montre peut traduire une angoisse de mort puissante.
Tolstoi dans "Anna Karénince" : " Ce gouffre était pour lui la vie réélle et le pont l'existence artificielle qu'il avait seule connue jusqu'alors."
Cette défense lorsqu'elle fonctionne, protège le sujet de la conscience de ce gouffre. Lorsque le pont est rompu, la défense échoue, nous exposant à une vérité et une terreur auxquelles une personne en milieu de vie, après des dizaines d'années d'aveuglement, est peu préparée à affronter.
p 170

Le narcissisme

Le sauveur ultime :
Une vie articulée autour de "l'autre dominant" se conçoit come une tentative de fusionner avec l'autre appréhendé comme source de protection et pourvoyeur de sens de la vie.
p185

Comme de nombreux patients névrosés, elle ne vivait pas réellement dans le passé, mais tentait de retrouver le passé (cad la relation réconfortante à la mère) dans le futur.

La force d'attachement était la terreur d'être seule : ce qui rendait terrifiante la solitude était l'absence de cet autre magique et puissant au-dessus de nous, qui nous observe, anticipe nos besoins, offre à chacun de nous un bouclier contre notre destin, la mort.
P 193

La plupart ds gens se défendent de l'angoisse de mort simultanément via la croyance illusoire en leur inviolabilité et une croyance en l'existence d'un sauveur ultime.
p 195

La tentative d'apasier l'angoisse d'individuation par la fusion sexuelle se révèle courante
p200

La tâche visant à satisfaire deux besoins : séparation et autonomie d'une part et protection et fusion d'autre part et la confrontation aux angoisses correspondantes constitue une dialectique à laquelle nous sommes confrontés toute notre vie.

Le névrosé refuse l'emprunt de la vie pour échapper à la dette de la mort. Il se libère de la peur de la mort via une autodestruction quotidienne partielle.

Le patient paranoïaque manifeste, dans ses délires de grandeur et d'omnipotence, l'un des principaux fuite de la mort, cad la croyance en sa particularité et som immortalité.
P207

Le postulat de ce chapitre est que bien, que le déni de la mort soit omniprésent et que les formes spécifiques du déni de la mort varient, il en existe deux modalités principales : la croyance en la particularité personnelle et celle en un sauveur ultime
P210

Ue personne dépendante du champ tend à développer un transfert rapide et hautement positif envers le thérapeute et à se sentir mieux plus rapidement qu'un patient indépendant du champ. Un patient "dépendant du champ" tend à "fusionner" avec le thérapeute.
p214

Les thérapeutes dépendants du champs favorisent les relation personnelles et mutuelles avec leurs patients.

Plus de personnes entreprennent une thérapie à la suite de l'echec de la défense du sauveur ultime (besoins de dépendance, faible estime de soi, mépris de soi, vulnérabilité, tendance masochiste, dépression à la suite de la perte ou de la menace de la perte de l'autre dominant) qu'en raison d'un effondrement de la défense de particularité personnelle.
La défense contituée par la croyance en un sauveur ultime paraît intrinséquement limitée.
P218

Le névrosé occulte le présent en tentant de retrouver le passé dans l'avenir.
P 222

Il découvrit avec étonnement qu'il pouvait choisir de ne pas faire les choses dont il n'avait pas envie.
Nous pouvosn changer notre vine jusqu'au dernier moment mais uniquement jusque-là
P 223

p 224 : on revient régénéré de pareils abimes, etc.. Passage de Nietzsche.

L'angoisse constitue un signal indiquant qu'une personne se sent menacée quant à la poursuite de son existence.
P 225

Elle accéda à l'espace qu'heidegger décrit comme celui de l'être authentique : elle s'emerveillait non de la manière dont lers choses étaient mais simplement qu'elles soient.
P 230

Une fois les parents disparus, plus rien n'existe entre nous et la tombe. Au contraire, nous devenons nous-mêmes la barrière entre nos enfants et la mort.
P231

La perte d'un enfant est souvent la plus grande perte qui puisse nous être infligée et nous portons simultanément  le deuil de notre enfant et le notre.
Les parents s'insurgent contre l'injustice de l'univers pour bientôt comprendre que ce qui s'apparente à de l'injustice est en fait de l'indifférence cosmique.
P 234
 

Elle prit conscience que, par le passé, pour fuir son angoisse de la  mort, elle avait tenté de fusionner avec son thérapeute ou ses amis.
Elle cessa d'avoir peur de la solitude et commença à sentir qu'il lui serait possible de vivre une vie satisfaisante, même sans le confort d'une relation de dépendance à l'égard d'un enfant ou d'un homme.
Un vieil adage affirme. "celui qui porte sa propre lumière n'a pas peur du noir"
p 277

 

 

En plein coeur de la nuit.

Où un chirurgien découvre que le seul moment où il se sent vivant est lorsqu'il tient un coeur entre les mains et qu'il sauve une vie
Pourquoi soigne-t-on ? Pour réparer quelque chose de cassé en soi ? Bob sauverait-il des vies parce qu'il se sent coupable d'en avoir "sacrifié" dans le passé ?
Il le découvre par un rêve qui le hante, il lève le voile sur son passé qu'en 50 ans d'amitié avec Irvin Yalom, il n'avait jamais évoqué