Les crises
génèrent des forces créatrices.
Lire :
http://www.psychologies.com/Planete/Societe/Articles-et-Dossiers/5-raisons-de-croire-en-l-avenir/Edgar-Morin-Les-crises-generent-des-forces-creatrices
Plus que jamais, l’état du monde nous renvoie à
la question fondamentale d’améliorer les relations humaines
S’il est probable de voir
l’accélération des phénomènes en cours nous mener vers l’abîme, l’improbable
réinvention de la société est aussi possible. Car là où croît la
désespérance croît également l’espérance. De tout temps, l’humanité a aspiré
à l’harmonie.
Les crises ont cette vertu de
générer des forces créatrices en même temps qu’agissent des forces
régressives. La globalisation constitue à la fois le pire et le meilleur qui
soient arrivés à l’humanité : pour la première fois sont réunies les
conditions d’un dépassement de notre histoire faite de guerres s’aggravant
jusqu’à permettre le suicide global de l’humanité.
En dépit des processus
d’homogénéisation qui tendent à détruire les diversités, les métissages
culturels se multiplient, accroissant notre conscience d’appartenir à une
même terre patrie, sans que cette « patrie » nie les patries existantes,
mais au contraire les englobe. Cette conscience constitue le terreau d’un
nouvel humanisme planétaire, dont nous pouvons espérer qu’il permettra de
faire face à nos problèmes communs – santé, faim, préservation de la
biosphère, protection des richesses culturelles, économie soutenable…
Il
existe déjà, sur tous les continents,un
bouillonnement créatif, une multitude
d’initiatives locales,
dans le sens de la régénération économique,
sociale, éducationnelle ou éthique. Elles
partent de la base, d’initiatives déviantes,
marginales, souvent invisibles et dispersées.
Elles constituent pourtant le vivier du futur,
pourvu qu’elles parviennent à se conjuguer pour
former une voie nouvelle, laquelle ferait
reculer l’hégémonie de l’économie et du calcul
au profit d’une plus grande solidarité.
La
métamorphose n’est possible que par
une réforme globale.
Changer l’économie ne sert à rien si l’on ne
change pas l’éducation ou la santé, mais il faut
le faire aussi. Tout est lié. L’objectif n’est
plus le développement des biens matériels, de
l’efficacité, de la rentabilité, du calculable.
Il est à un retour sur ses besoins intérieurs, à
la stimulation de nos aptitudes à comprendre
autrui, notre prochain et notre lointain, à
retrouver un temps long et non chronométré. À
nous de travailler à relier, à encourager les
initiatives auxquelles nous croyons. À inventer,
en marchant, notre propre chemin.
L’important est de
connaître le problème humain fondamental. Nous
avons longtemps cru que c’était le bonheur. Or
le bonheur est fragile, éphémère. Que
disparaisse un être aimé et notre bonheur se
meurt. Le véritable but, à mon sens, est la
poésie de la vie. Il ne s’agit pas de
lire des poèmes, aussi magnifiques soient-ils.
Mais de vivre dans l’exaltation de soi, dans
l’exaltation de l’amitié, de la fête, de la
communauté. Par opposition à cela, la prose est
ce qui nous ennuie : payer ses factures, perdre
sa vie à la gagner. Le politique a oublié nos
vérités fondamentales. Mais la société résiste,
elle veut de l’amour, des loisirs, de la
communion, des apéros géants ! La philosophie de
« la voie », c’est de se donner les moyens de
réaliser la poésie de sa propre vie. Et, chemin
faisant, de ressusciter l’espérance pour générer
non pas le meilleur des mondes, mais un monde
meilleur.
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Dans
Philosophie Magazine n°15, Interview d'Edgar Morin :
"Je retiens de Hegel que la notion de contradiction est au
fondement de l'être, de la vie et de la pensée." (note
maliphane : Jung postule aussi que les contradictions nous
tiennent debout et sont le fondement de nos êtres)
"Je suis ignoré par les
critiques pour qui les écrits sont à étiqueter dans les
rubriques "littérature", "philosophie", "sociologie",
"histoire", "science" et qui faute de pouvoir m'inscrire dans
une de leurs cases, me renvoient dans un no man's land.
Moi je me vois à la fois philosophe, historien, sociologue,
écrivain, mais je suis chassé de chacune de ces catégories.
Ma façon d'être à gauche est incomprise par les paris et par la
tribu des intellectuels de gauche."
"Cataclysme personnel",
on lui cache la perte de sa mère à neuf ans :"Cette
meurtrissure m'a conduit vers le scepticisme, le doute infini et
la fréquentation des auteurs tels que Montaigne, mais aussi ce
que j'appelle les tragiques, comme Pascal et Dostoïevski...
Cette souffrance d'enfant m'a aussi rapproché d'une forme de
compassion pour la condition humaine.
Je n'ai cessé d'osciller entre la négation nihiliste et
l'enthousiasme humaniste, de chercher du sens et de douter du
sens.
Je suis du côté de la "reliance", cad ce qui relie les êtres, y
compris la matrice planétaire, et non du côté de la religion, du
salut terrestre ou céleste."
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