Paul
VALERY |
|||
AUTEURS |
THEMES |
|
|
Nait à sète en 1871, au lendemain de la défaite
française et de la Commune Valéry n'appréciait pas les souvenirs. (Ce n'est pas moi, disait-il, qui courrait après le "temps perdu"). N'aimait pas Proust. Néanmoins, pendant toute la durée de sa vie, Valéry a dessiné les bateaux qu'il avait vus, enfant, à Sète. C'étaient, disait-il, les plus belles barques du monde. "Méfie toi sans cesse". C'était sa devise. Il se méfiait des mots. (Le langage, dit-il, n'a jamais vu la pensée). Cette méfiance systématique -dont il fait confidence à ses amis (Pierre Louys, andré Gide) ne l'a pas empêché d'éprouver des passions. 1889, étudiant en droit Les études, les biographies publiées sur Paul
Valéry, signalent bien sûr les dessins, les aquarelles qui courent ici et là sur ses
nombreux cahiers. Mais ces études nous renvoient essentiellement aux textes que Valéry a
consacré aux peintres : Degas, Léonard de Vinci... Et curieusement - peut-être est-ce
parce qu'il s'agit d'un écrivain - sur ce que ces dessins racontent et surtout le
"cadrage" choisi, pas de remarques, pas de commentaires. "Il n'est pas de spectacle pour moi, disait-il, qui vaille ce que l'on voit d'une terrasse ou d'un balcon bien placé au-dessus d'un port (...) l'oeil embrasse à la fois l'humain et l'inhumain." Bien plus tard, académicien français, s'adressant aux élèves du collège de Sète, il dit : "... Regardez par desus les toits : vous avez une grande chance dans ce collège. Si vos yeux s'élèvent du livre ou du cahier, ils se posent sur la mer. J'ai eu, moi aussi, la chance d'avoir, comme à la disposition de ma distraction, la vue de cette mer et de ce port..."
1895. Écrit et publie LIntroduction à la
Méthode de Léonard de Vinci.
" Il est admirable de voir un être aussi original que Poe pousser la lucidité et tourner la rigueur presque contre soi-même, jusquà sattaquer à lidole de loriginalité. Il neût pas comme Baudelaire considéré le nouveau comme ayant une valeur en soi. Cest manquer de discernement. Il savait que le nouveau ne doit pas être sollicité, car il se fait de soi-même au milieu des antiquités. " 1920. La N.R.F : publie Le Cimetière marin :
succès. Paul Valéry fréquente les salons parisiens. Si lon égrène lhistoire de celui qui, à un tel point, a fait fi de lhistoire, on découvre la genèse dune universalité ; et ce nest pas un hasard si cest à travers " lidée quil se faisait de Léonard de Vinci " quil a forgé sa méthode de pensée ; Léonard omniscient, Léonard peintre mathématicien et physicien, Léonard des symétries, poète de la vie lui aussi. Peinture, architecture, mathématiques, physique, mécanique, danse, réflexions sur la science, sur la création littéraire et scientifique doivent être ajoutées au droit éphémère, et à la poésie qui a rempli toute la vie de Valéry et où il a acquis une gloire officielle sans pareille, presque écrasante pour un poète de la solitude et du travail. On épuise difficilement la liste de ses préoccupations, le bilan de sa curiosité et de ses actions. Car il a beaucoup pensé, beaucoup rêvé, mais aussi beaucoup mis la main à la pâte. Ce travailleur infatigable et cest peut-être laspect le plus sympathique de sa personnalité a bien " cent fois sur le métier " transformé la matière poétique, mais tout au long de sa vie on le trouve à laffût de toutes les connaissances théoriques et pratiques, avec les savants de la science la plus théorique, mais aussi sexerçant au chant grégorien comme à la peinture, à la nage comme à la photographie, se mêlant de mesurer et de peser des crânes, dassister des astronomes, de fréquenter les laboratoires de Physique (de Madame Curie et de Jean Perrin), visitant les techniciens du Creusot, accompagnant ceux dun cuirassé en manuvres, sintéressant à toute technique, à toute invention, à toute création.
|
Je me suis aimé, je me suis détesté et puis nous avons vieilli ensemble. |
La philosophie est chose ni plus ni moins sérieuse quune suite en ré mineur |
I l est beaucoup plus simple de construire un univers que dexpliquer comment un homme tient sur ses pieds. Demandez à Aristote, à Descartes, à Leibniz et à quelques autres. |
Le philosophe nen sait pas réellement plus que sa cuisinière. |
L'Europe deviendra-t-elle ce qu'elle est en réalité, c'est-à-dire : un petit cap du continent asiatique ? |
L'action est une brève folie. |
Les petits faits inexpliqués contiennent toujours de quoi renverser toutes les explications des grands faits. |
Lambition extérieure a pour condition une sorte de désespoir ou dabandon de lambition intérieure |
Mettons en commun ce que nous avons de meilleur et enrichissons nous de nos mutuelles différences |
Rien de plus humain que le divin |
Toute critique, tout blâme revient à dire : je ne suis pas toi |
Si les regards pouvaient enfanter ou tuer, les rues seraient remplies de femmes enceintes et jonchées de cadavres. |
Un voyage est une opération qui fait correspondre des villes à des heures |
Méprisez votre prochain comme vous-même. |
Ma réputation, nest-ce pas le triste effort que je suis obligé de faire pour imiter limage fausse que vous vous faites de moi ? |
La pensée est une rature indéfinie |
Et où que jaille, dans lunivers entier, Je rencontre toujours, Hors de moi comme en moi, L'irremplissable Vide, L'inconquérable Rien. |
Le monde ne vaut que par les extrêmes et ne dure que par les moyens. Il ne vaut que par les ultras et ne dure que par les modérés |
Si tous les hommes étaient également éclairés, également critiques, et surtout également courageux, toute société serait impossible ! |
Les événements eux-mêmes sont demandés comme une nourriture. S'il n'y a point ce matin quelque grand malheur dans le monde, nous sentons un certain vide. "Ils n'y a rien aujourd'hui dans les journaux", disent-ils. |
L'optimiste et le pessimiste ne s'opposent que sur ce qui n'est pas. |
Comment faire pour ne rien faire ? Je ne sais rien de plus difficile. Cest un travail dHercule, un travail de tous les instants. |
Rien de plus rare que de ne donner aucune importance aux choses qui n'ont aucune importance. |
les hommes se distinguent par ce qu'ils montrent et se ressemblent par ce qu'ils cachent |
Chacun dissimule quelque chose à quelqu'un, et chacun, quelque chose à soi-même. il y a donc deux versants de sincérité |
La vérité a besoin de mensonge - car comment la définir sans contraste ? |
La bonne marche harmonique d'un système d'hommes exige que chacun ne soit ni inférieur ni supérieur à sa tâche. |
Une époque intéressante est toujours une époque énigmatique, qui ne promet guère de repos, de prospérité, de continuité, de sécurité. |
Ce qui est le plus vrai d'un individu, et le plus lui-même, c'est son possible - que son histoire ne dégage qu'incertainement. |
La politique consiste dans la volonté de conquête et de conservation du pouvoir ; elle exige, par conséquent, une action de contrainte ou d'illusion sur les esprits, qui sont la matière de tout pouvoir |
Triste mot : touristes. Les étrangers, séparés de la vie du pays par la couche atmosphérique qu'ils transportent avec eux : habitudes, intérêts, bavardages de leur ville, jargon de leur secte |
Être soi-même ! Mais soi-même en vaut-il la peine ? |
La politesse, c'est l'indifférence organisée. |
Tout ce que tu dis parle de toi ; surtout quand tu parles d'un autre. |
Le grand triomphe de l'adversaire est de vous faire croire ce qu'il dit de vous. |
Proverbe pour les puissants : si quelqu'un te lèche les bottes, mets-lui le pied dessus avant qu'il ne commence à te mordre. |
Un homme passe pour volontaire ; mais au fond, il n'a que l'habitude de vouloir. Le vouloir lui est le plus facile. |
Rien ne rend un homme plus redoutable, plus implacable, plus... que la faculté de voir les choses... telles qu'elles sont. |
Nos contradictions font la substances de notre activité d'esprit. |
Il paraît donc, ou que la société n'est pas gérée, ou qu'elle n'est pas une affaire sérieuse. |
Rien de plus original, rien de plus "soi" que de se nourrir des autres. Mais il faut les digérer. Le lion est fait de mouton assimilé. |
Une femme intelligente est une femme avec laquelle on peut être aussi bête que l'on veut. |
Une mauvaise expérience vaut mieux qu'un bon conseil. |
Critiques : le plus sale roquet peut faire une blessure mortelle. Il suffit qu'il ait la rage. |
Le baccalauréat est le certificat que donne l'Etat et qui atteste à tous que le jeune Untel ne sait absolument rien faire. |
Tout ce qui est simple est faux, mais tout ce qui ne l'est pas est inutilisable. |
Que de choses il faut ignorer pour agir ! |
Le style, pour l'écrivain aussi bien que pour le peintre, est une question non de technique mais de vision. |
La définition du beau est facile : il est ce qui désespère. |
L'art est encore la seule forme supportable de la vie ; la plus grande jouissance, et celle qui s'épuise le moins vite. |
Le vrai snob est celui qui craint d'avouer qu'il s'ennuie et qu'il s'amuse, quand il s'amuse. |
Ce qui m'intéresse n'est pas toujours ce qui m'importe. |
Ce qui a été cru partout, par tous et pour toujours, a toutes les chances d'être faux. |
La cause de la dépopulation ? La présence d'esprit. |
L'intelligence - faculté de reconnaître sa sottise. |
Le poème, cette hésitation prolongée entre le son et le sens. |
Un état bien dangereux : croire comprendre. |
De ce qui occupe le plus, cest de quoi lon parle le moins. Ce qui est toujours dans lesprit, nest presque jamais sur les lèvres. |
J'aime mieux être lu plusieurs fois par un seul qu'une fois par plusieurs. |
C'est en copiant qu'on invente. |
La faiblesse de la force est de ne croire qu'à la force. |
Rappelez-vous tout simplement qu'entre les hommes il n'existe que deux relations : la logique ou la guerre. |
L'esprit de l'homme l'a engagé dans une aventure qui se résume en ceci: éloignement croissant des conditions primitives de la vie de son espèce. |
J'ai beau faire : Tout m'intéresse. |