Friedrich NIETZSCHE
(1844-1900)

sommaire                                                              Nietzsche moderne dérangeant et éternel        

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AUTEURS
Camus,   Nietzsche,   Einstein, Desproges, Wolinski, Lacan, Gracian,  Cioran....

THEMES
l'Amitié, la Confiance, le Pouvoir, l'Ennui
...


PROVERBES DU MONDE.
Africains, Arabes, Allemands, Chinois, Russes, Québequois...


AUTRES CITATIONS
Aristophane, George Orwell, Jim Morrison..

 

               

Quelques mots pour mieux le comprendre   
Le Gai savoir  
Aphorismes  
Valeurs des moutons, valeurs des aigles
Nietzsche par Clément Rosset
Ainsi parlait Zarathoustra
Né en 1844, perd son père à quatre ans , élevé par sa mère  et ses deux tantes
1946 : naissance de sa soeur Elisabeth
1865 : Découvre Schopenhauer et lit son oeuvre majeure (Le monde comme volonté et représentation)
1868 : envisage une thèse de philosophie; rencontre avec Wagner
1869 : Professeur de philologie à l'université de Bâle
1870 : la tendance qui se répand à voir dans la suprématie militaire la supériorité d'une civilisation sur une autre suscite sa  rélexion sur l'évolution de la civilisation européenne "une grande victoire est un grand danger" écrit-il
1875 : détérioration de son état de santé ; il suspend ses cours et commence une vie de voyages
           il découvre Stendhal ; ses influences majeures (excepté Schopenhauer) ne sont  pas philosophiques (un musicien :  Wagner, un historien : Burckhardt, un écrivain : stendhal, puis Doistoïevski)
1878 : publication de "Humain, trop humain" dédié à Voltaire, avec comme sous-titre "Un livre pour esprits libres"
           rupture définitive avec Wagner qui triomphe en Allemagne
1882 : rencontre Lou Andréas Salomé à Rome dans la basilique Saint-Pierre ; la demande en mariage le lendemain
1882 : parution du "Gai savoir"
1884 : parution de "Ainsi parlait zarathoustra"
           sa soeur épouse l'un des chefs du parti antisémite en Allemagne
1886 : parution de "Par-delà le bien et mal" ; découverte de Doistoïevski
1887 : il écrit à sa soeur : "C'est toi, mon pauvre lama, qui as fait une des plus grandes bétises, et pour toi, et pour moi.             ...c'est pour moi une question d'honneur que d'observer envers l'antisémitisme une attitude absolument nette et sans équivoque, savoir : celle de l'opposition, comme je le fais dans mes écrits....Ma répulsion pour ce parti (qui  n'aimerait que trop se prévaloir de mon nom ! ) est aussi prononcé que possible, mais ma parenté et le                     contre-coup de l'antisémitisme de mon ancien éditeur, ne cessent de faire croire  aux adeptes de ce désagréable parti que je dois être un des leurs. Combien cela me nuit et m'a nui, tu ne peux pas t'en faire une idée...."
1887 :parution de " la généalogie de la morale"
1888 : dernière année de vie consciente, caractérisée par une intense activité ; il publie " le cas Wagner, un problème pour  musiciens", puis achève "le crépuscules des idoles" et rédige "l'antéchrist",   "Ecce Homo", et "Nietzsche contre Wagner"
1889 : effondrement à Turin ; sombre dans la démence ; sa soeur le recueille puis falsifie ses textes
1900 : meurt, probablement des suites de la Syphilis.
 

Quelques mots pour mieux le comprendre

Peu de philosophes ont été aussi incompris que Friedrich Nietzsche : c'est le philosophe de la vie, du triomphe de la volonté (de vivre)
C'est le prophète du surhumain, le poète de la mort de Dieu, le philosophe qui crie à la transvaluation de toutes les valeurs.
L'oeuvre de Friedrich Nietzsche est contradictoire, violente, labyrinthique.
C'est l'une des rares oeuvres dans la philosophie occidentale à séduire par son style.

 Il y a plus d' un siècle, Friedrich Nietzsche  s'est attaqué à la religion et à la morale judéo-chrétienne comme aucun autre n'avait osé le faire avant lui, pas même Voltaire. Psychologue sans pareil, il déchiffrait les arrières-pensées, les motivations secrètes et faisait la lumière sur les vérités-mensonges de la foi et sur l'illusion d'une espérance bienheureuse dans un "au-delà" hypothétique... par le renoncement aux plaisirs et au bonheur - toujours à construire - ici-bas.


"Ce que j'appelle mensonge : refuser de voir les choses comme elles sont."
Ce "belliqueux de nature" engagea la polémique sous toutes ses formes (controverse, raillerie, parodie, ironie,..)  .
La polémique est une expression libre de la volonté de puissance. Ce qu'il ne faudrait pas confondre avec une volonté de dominer : vouloir dominer est précisément le propre du ressentiment. Volonté de puissance signifie volonté de pouvoir être libre de ses choix. Et de se réaliser.

Ce qui fait de Nietzsche le plus moderne des Philosophes, c'est qu'il incite à l'autonomie, à l'indépendance d'esprit.
Ceux qui se servent de la morale pour accréditer leurs thèses, il leur déclare la guerre ! Avec bonne humeur, et on devine son rire moqueur !
"Sa figure hante notre époque. Comme il l'avait prédit, son oeuvre alimente toute la pensée contemporaine", souligne Luc Ferry
Au-delà du nihilisme, Nietzsche aspirait à la reconstruction de nouvelles valeurs, à la victoire sur l'hiver. Il se sentait porteur d'une tâche qui concerne le futur. Comment un homme, dressé entre l'hier et le demain, prend-il sur lui tout le fardeau de l'humanité afin de l'en délivrer et lui ouvrir les portes du futur ? Le travail intellectuel assidu et la solitude du penseur sont nécessaires.
Un siècle après, les écrits de Nietzsche continuent de nous ébranler, de nous féconder, de nous fournir les outils d'une démystification, de nous désigner les aurores à venir. Il chante le "gai savoir" et la danse des apparences comme art suprême. Et avec quel style ! Ses aphorismes nous parlent et nous touchent, donnent des éléments de base de réflexion et laissent le champ libre à notre créativité pour la conclusion, qui est seulement suggérée.

 
D’une importance capitale pour toute la pensée contemporaine, l’œuvre de Nietzsche inaugure l’ère du désenchantement en proclamant «la mort de Dieu», la fin de la métaphysique et la nécessité de renverser toutes les valeurs morales jusque-là établies. Soutenir la cause de la vie contre «tout ce qui veut mourir en nous», telle est la grande ambition nietzschéenne. Les morales ascétiques et les philosophies qui situent la vérité dans des arrière-mondes, au-delà des apparences, y sont attaquées comme autant de figures de ce ressentiment contre la vie que l’auteur du «Gai Savoir» nomme «nihilisme». Le dernier avatar de ce nihilisme aussi vieux que l’Occident? L’hédonisme médiocre de l’homme contemporain, tel qu’il est prophétisé dans «Ainsi parlait Zarathoustra». Face à cela, la tâche de la vraie philosophie est de hausser le courage humain jusqu’à la décision d’affronter les aspects les plus redoutables de la vie sans pour autant cesser d’en jouir. Loin des caricatures nazies ultérieures, le «Surhomme» nietzschéen, c’est cela: l’homme libéré, qui s’abandonne à un fatalisme lucide et confiant.
 

Nietzsche par Clément Rosset  

1/ L’éveilleur
Sans hésitation Nietzsche. Sans les lectures de Nietzsche, particulièrement celle de l’«Origine de la tragédie» vers 18 ans, peut-être n’aurais-je pas été philosophe, mais plutôt prof de lettres ou musicien. A l’époque, j’étais profondément incommodé par Platon et le Socrate platonicien qu’on nous présentait à l’école comme une icône de la sagesse et du bien; j’en avais fini par conclure que j’étais le seul être au monde à penser le contraire. La lecture de l’«Origine de la tragédie» fut pour moi un violent choc affectif: je n’étais pas seul sur la terre, nous étions au moins deux.
Je dois cependant mettre quelques bémols à cette déclaration bien banale (qui aujourd’hui ne se recommande de Nietzsche?). Il me semble que le Nietzsche dont je me suis inspiré n’a que bien peu de rapport avec celui qui, à la suite de la lecture de Nietzsche par Heidegger (lecture qui est pour moi un total contresens), a influencé et continue à influencer tous les auteurs français qui se sont recommandés du nietzschéisme - à l’exception notable du Gilles Deleuze de «Différence et répétition». J’ajouterai aussi que ce faux Nietzsche qui règne aujourd’hui dans l’idéologie française ne mérite certainement pas, selon moi, de se voir accorder davantage de place dans l’enseignement.
Avant Nietzsche, j’avais été à un âge encore plus jeune – 14 ans pour le premier, 16 ans pour le second – très impressionné par la lecture d’extraits de Schopenhauer et par celle des «Pensées» de Pascal. Deux auteurs qui ont aussi grandement contribué à mon orientation vers la philosophie, ainsi que, plus tard, Lucrèce et Spinoza.

2/ L’inspirateur
A la question qu’on lui posait souvent, «Qu’éprouvez-vous devant une œuvre d’art?», Dali répondait: «Salvador Dali n’a jamais éprouvé quoi que ce soit devant une œuvre d’art.» A mon humble niveau, j’avoue ne m’être jamais posé d’«interrogations» philosophiques. Je m’intéresse plus à la vérité ou à la fausseté des thèses, à leur pertinence ou à leur non-pertinence. Les philosophes que j’admire m’ont plus imposé des réponses qu’ils n’ont répondu à des questions préalables de ma part.

3/ Et aujourd’hui?
Aucun. Il y a très peu de philosophes par siècle. On aurait de la peine à en trouver plus de vingt depuis Parménide. Pour ce qui est du XXe siècle, je n’en connais que deux: Bergson et Wittgenstein. Je n’y inclue pas Heidegger, que je considère avant tout comme un grand écrivain et un homme du XIXe siècle.

Nouvel Observateur du 1/8/02