Clément ROSSET |
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Aphorismes
Nietzsche (Nouvel Observateur du
1/8/02)
Blog :
http://clementrosset.blogspot.com/
Philosophe-écrivain, insolite et insolent, Clément Rosset se moque bien du pessimisme intellectuel bon chic bon genre : "Riez !", dit-il, car la vérité est trop triste...
Nait en 1939
Assistant à l'université de Nice de 1967
à 1998
Influencé par l'Espagne où ses parents ont vécu 15 ans avant sa naissance.
Se destinait à une carrière musicale (pianiste), mais son attachement pour Montaigne, Pascal, Nietzsche, dont la lecture la profondément marqué,
la emporté.
A dix-neuf ans, est saisi par une idée, celle du tragique, qu'il a formulé dans un
livre, La Philosophie tragique, en 1960.
Deux idées : celle du tragique et celle du double.
Enfant, le Boléro de Ravel
lui donne l'impression de représenter "la quintessence de la vie".
A eu le sentiment qu'il possédait un savoir universel grâce à cette musique. Des
années plus tard à dix-neuf ans , en écoutant à nouveau le Boléro,
cette musique l'incite à penser que la tragédie pure et la joie pure, loin dêtre
antithétiques, sont identiques : précisément ce que la morale veut ignorer. Il
affirme la similitude entre la jubilation et la connaissance du caractère tragique de la
vie : ce que Schopenhauer a admirablement
décrit dans les deux chapitres consacrés à la musique dans Le Monde comme
volonté et représentation, à savoir le sentiment de léternelle répétition de
la même histoire.
En même temps, il sagissait de la
répétition dun thème dune richesse très grande. Ravel disait
dailleurs de son thème : "Je sais bien que cest nul, mais il fallait
le trouver quand même." Répéter nest pas tout, il faut tout de même
répéter quelque chose. "Ne trouvez-vous pas que ce thème a de linstance
?", disait Ravel. Il a toujours de linstance et de linsistance.
La musique nest pas une métaphore de la vie, mais la forme épurée, la
quintessence de la vie : sentiment éprouvé à propos de toute musique, le sentiment
dun savoir suffisant qui vous est donné sur la fin, lorigine, la raison
dêtre de toute chose.
le réel est sans double, sans autre
monde, moral ou religieux, alors que les hommes ne cessent de mettre à lécart la
réalité par le truchement de lillusion en cherchant à refuser la
"cruauté" du réel :
Méditation générale sur le réel et sur la manière dont on lui substitue
perpétuellement des doubles, pour en prévenir la vision intuitive, directe, ce qui le
rapproche de lintuition de Plotin et de Bergson, qui voient le réel comme simple,
inanalysable.
Le double comme la morale sont deux façons de nier la réalité ou de nier le
tragique. Ce sont deux aspects dun même problème. Le double, cest
lillusion. A chaque fois que la réalité est indésirable, lhomme a une
imagination extraordinairement fertile qui lui fait créer un double qui est comme un
rideau qui masque ce que le réel a dintolérable, dindigeste, de cru. La
morale a toujours été une manière de dire ce qui doit être et ce qui ne doit pas
être, et de se moquer de ce qui est.
N'a pas ressenti la protestation à légard du réel et de lexistence, cet "inconvénient dêtre né" dont parle Cioran et qu'il a appelé dans La Force majeure, son "mécontement"
Cioran était un modèle durbanité et de gentillesse, était très proche de lui, a passé en sa compagnie de nombreuses soirées hilarantes et mémorables. Mais ne réprouve pas le réel comme lui parce que lépreuve du réel lui semble être le ressort fondamental de la joie de vivre. Pense en effet quil y a une alliance possible entre la lucidité la vie est absurde, ridicule et la joie. Car être heureux, cest toujours être heureux malgré tout.
Ce qui fait la force dune philosophie, cest sa clarté, sa langue.
Refuse cette manière si caractérisque dêtre illisible et ennuyeux. Or, comme il
le dit dans Le Choix des mots, persiste à croire que lécriture
nest pas un "dangereux supplément", comme le disait Derrida
après Rousseau, mais la pensée elle-même.
Il faut également y ajouter une tendance un peu voltairienne à ne pas résister à
lâcher une loufoquerie un peu blessante à chaque fois que loccasion se présente.
En ce sens, ne tiens pas compte de la recommandation de La Bruyère qui dit dans un
passage des Caractères quun homme qui ne résiste pas au plaisir de faire
rire aux dépens dautrui nest pas un honnête homme. Chez moi, le rire
prime tout. Si cest drôle, je ne peux pas me retenir.
Système omni-référentiel, qui met sur le même plan le cinéma, la littérature ou la bande dessinée, car est d'abord un écrivain. est enchanté de trouver des parallélismes dans des domaines qui paraissent les plus étrangers, les plus éloignés les uns des autres. Il y a une circulation culturelle qui se manifeste dans tous les domaines, du moment que les uvres sont de premier ordre. a plus lu Shakespeare, Balzac ou Dostoïesvki que les philosophes, qu'il a lu surtout pour des raisons professionnelles.
S'il se réfère tant à Saint-Simon, Dostoïevski, Balzac, Gogol, Aristophane, Sophocle ou Joseph Conrad, cest surtout parce quil sagit là de très grands, dimmenses connaisseurs de la nature humaine.
A partir de cela, a eu envie décrire un livre sur le sentiment didentité thème déjà magistralement traité par David Hume où il a voulu dire que le sentiment didentité personnelle est un pur fantasme et que ce que lon perd, lorsque lon dit que lon perd son identité, cest lidentité sociale, mais pas une identité intime. "Loin de moi", le titre de louvrage, est aussi une mise à distance : le moi, je le mets loin de moi.
Riez ! car la vérité est trop triste... |
Le moi, je le mets loin de moi. |
être heureux, cest toujours être heureux malgré tout. |
Il y a une alliance possible entre la lucidité la vie est absurde, ridicule et la joie. |
Sois ami du présent qui passe: le futur et le passé te seront donnés par surcroît. |
Moins on se connaît, mieux on se porte. |
Philosopher, cest apprendre à vivre. La philosophie, cest le savoir-vivre dans tous les sens du terme. |
Il y a des domaines où il ny aura jamais de progrès : lhomme sera toujours mortel, il sera toujours soumis à la maladie. |
Qui croit bien se connaître s'ignore plus que jamais, n'ayant aucun sentiment consistant de lui-même à se mettre sous la dent. |