Clément ROSSET

 

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AUTEURS
Camus,   Nietzsche,   Einstein, Desproges, Wolinski, Lacan, Gracian,  Cioran....

THEMES
l'Amitié, la Confiance, le Pouvoir, l'Ennui
...


PROVERBES DU MONDE.
Africains, Arabes, Allemands, Chinois, Russes, Québequois...


AUTRES CITATIONS
Aristophane, George Orwell, Jim Morrison..

 

Aphorismes
Nietzsche (Nouvel Observateur du 1/8/02)               Blog : http://clementrosset.blogspot.com/ 

Philosophe-écrivain, insolite et insolent, Clément Rosset se moque bien du pessimisme intellectuel bon chic bon genre : "Riez !", dit-il, car la vérité est trop triste...                  

Nait en 1939

Assistant à l'université de Nice de 1967 à 1998
Influencé par l'Espagne où ses parents ont vécu 15 ans avant sa naissance.
Se destinait à une carrière musicale (pianiste), mais son attachement pour Montaigne, Pascal, Nietzsche, dont la lecture l’a profondément marqué, l’a emporté.
A dix-neuf ans, est saisi par une idée, celle du tragique, qu'il a formulé dans un livre, La Philosophie tragique, en 1960.
Deux idées : celle du tragique et celle du double.

Enfant, le  Boléro de Ravel lui donne l'impression de représenter "la quintessence de la vie".
A eu le sentiment qu'il possédait un savoir universel grâce à cette musique. Des années plus tard – à dix-neuf ans –, en écoutant à nouveau le Boléro, cette musique l'incite à penser que la tragédie pure et la joie pure, loin d’être antithétiques, sont identiques : précisément ce que la morale veut ignorer. Il affirme la similitude entre la jubilation et la connaissance du caractère tragique de la vie : ce que Schopenhauer a admirablement décrit dans les deux chapitres consacrés à la musique dans Le Monde comme volonté et représentation, à savoir le sentiment de l’éternelle répétition de la même histoire.

En même temps, il s’agissait de la répétition d’un thème d’une richesse très grande. Ravel disait d’ailleurs de son thème : "Je sais bien que c’est nul, mais il fallait le trouver quand même." Répéter n’est pas tout, il faut tout de même répéter quelque chose. "Ne trouvez-vous pas que ce thème a de l’instance ?", disait Ravel. Il a toujours de l’instance et de l’insistance.
La musique n’est pas une métaphore de la vie, mais la forme épurée, la quintessence de la vie : sentiment éprouvé à propos de toute musique, le sentiment d’un savoir suffisant qui vous est donné sur la fin, l’origine, la raison d’être de toute chose.

le réel est sans double, sans autre monde, moral ou religieux, alors que les hommes ne cessent de mettre à l’écart la réalité par le truchement de l’illusion en cherchant à refuser la "cruauté" du réel :
Méditation générale sur le réel et sur la manière dont on lui substitue perpétuellement des doubles, pour en prévenir la vision intuitive, directe, ce qui le rapproche de l’intuition de Plotin et de Bergson, qui voient le réel comme simple, inanalysable.
Le double comme la morale sont deux façons de nier la réalité ou de nier le tragique. Ce sont deux aspects d’un même problème. Le double, c’est l’illusion. A chaque fois que la réalité est indésirable, l’homme a une imagination extraordinairement fertile qui lui fait créer un double qui est comme un rideau qui masque ce que le réel a d’intolérable, d’indigeste, de cru. La morale a toujours été une manière de dire ce qui doit être et ce qui ne doit pas être, et de se moquer de ce qui est.

 

N'a pas ressenti la protestation à l’égard du réel et de l’existence, cet "inconvénient d’être né" dont parle Cioran et qu'il a appelé dans La Force majeure, son "mécontement

Cioran  était un modèle d’urbanité et de gentillesse, était très proche de lui,  a passé en sa compagnie de nombreuses soirées hilarantes et mémorables. Mais  ne réprouve pas le réel comme lui parce que l’épreuve du réel lui semble être le ressort fondamental de la joie de vivre. Pense en effet qu’il y a une alliance possible entre la lucidité – la vie est absurde, ridicule – et la joie. Car être heureux, c’est toujours être heureux malgré tout.


Ce qui fait la force d’une philosophie, c’est sa clarté, sa langue. Refuse cette manière si caractérisque d’être illisible et ennuyeux. Or, comme il le dit dans Le Choix des mots,  persiste à croire que l’écriture n’est pas un "dangereux supplément", comme le disait Derrida après Rousseau, mais la pensée elle-même.
Il faut également y ajouter  une tendance un peu voltairienne à ne pas résister à lâcher une loufoquerie un peu blessante à chaque fois que l’occasion se présente. En ce sens,  ne tiens pas compte de la recommandation de La Bruyère qui dit dans un passage des Caractères qu’un homme qui ne résiste pas au plaisir de faire rire aux dépens d’autrui n’est pas un honnête homme. Chez moi, le rire prime tout. Si c’est drôle, je ne peux pas me retenir.

Système omni-référentiel, qui met sur le même plan le cinéma, la littérature ou la bande dessinée, car est d'abord un écrivain. est  enchanté de trouver des parallélismes dans des domaines qui   paraissent les plus étrangers, les plus éloignés les uns des autres. Il y a une circulation culturelle qui se manifeste dans tous les domaines, du moment que les œuvres sont de premier ordre. a plus lu Shakespeare, Balzac ou Dostoïesvki que les philosophes, qu'il a lu surtout pour des raisons professionnelles.

S'il se réfère tant à Saint-Simon, Dostoïevski, Balzac, Gogol, Aristophane, Sophocle ou Joseph Conrad, c’est   surtout parce qu’il s’agit là de très grands, d’immenses connaisseurs de la nature humaine.

 

A partir de cela, a eu envie d’écrire un livre sur le sentiment d’identité – thème déjà magistralement traité par David Hume – où il a voulu dire que le sentiment d’identité personnelle est un pur fantasme et que ce que l’on perd, lorsque l’on dit que l’on perd son identité, c’est l’identité sociale, mais pas une identité intime. "Loin de moi", le titre de l’ouvrage, est aussi une mise à distance : le moi, je le mets loin de moi.

 

Riez ! car la vérité est trop triste...  
Le moi, je le mets loin de moi.
être heureux, c’est toujours être heureux malgré tout.
Il y a une alliance possible entre la lucidité – la vie est absurde, ridicule – et la joie.
Sois ami du présent qui passe: le futur et le passé te seront donnés par surcroît.
Moins on se connaît, mieux on se porte.
Philosopher, c’est apprendre à vivre. La philosophie, c’est le savoir-vivre dans tous les sens du terme. 
Il y a des domaines où il n’y aura jamais de progrès : l’homme sera toujours mortel, il sera toujours soumis à la maladie.
Qui croit bien se connaître s'ignore plus que jamais, n'ayant aucun sentiment consistant de lui-même à se mettre sous la dent.