Johnny

 

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Critique du film


Ange blond aux yeux de laser

Dorian Gray de la chanson

    
Qu'est-ce qu'on ferait sans lui ?
 

  JEAN-PHILIPPE
Un film de Laurent Tuel
Avec Fabrice Luchini, Johnny Hallyday
Sortie : 5 Avril 2006

Sitôt sorti de la projection de Jean-Philippe, une évidence s'impose. Seul un personnage de l'envergure de Johnny Hallyday pouvait garantir la réussite de l'entreprise : bâtir un film puisant ses racines chez K. Dick, dans lequel un léger glissement de la temporalité entraîne une subtile modification de la réalité, en l'occurrence la non-existence de Johnny Hallyday. Et alors, ne manqueront pas de souligner les plus ironiques? Et alors, sans cette icône du rock'n roll français, la vie de certains pourrait bien se réduire à un dangereux néant.

Fabrice, la cinquantaine, un boulot qui l'emmerde, une fille en pleine crise punk et une épouse qui exige qu'il renonce à l'obsession de sa vie : Johnny Hallyday, dont il a suivi tous les concerts et à qui il consacre la plus riche collection du département. Sans sa musique, mais surtout sans l'énergie et la passion qu'il voue à son idole, Fabrice ne verrait pas vraiment l'intérêt de se lever le matin. Inutile de dire que le jour où il se réveille à l'hôpital, victime d'une agression, et qu'il réalise que plus personne ne connaît l'existence de Johnny Hallyday, son quotidien bascule dangereusement. Pire que tout, rien ne semble avoir changé pour autant, à quelques détails près. Il collectionne désormais les canettes de bière et se découvre méprisé par ses collègues de travail, bref enfermé dans une vie morne, banale, sans espoir. Une seule solution s'offre à lui : retrouver Jean-Philippe Smet et le convaincre qu'il est Johnny Hallyday.

Rien de très surprenant dans cette première partie. On pense un peu à Podium (pour la description du fan) un peu à La Moustache (même irruption du fantastique dans un quotidien très concret), pendant que Fabrice Luchini consacre toute son énergie à rejouer sur grand écran la performance qu'il réserve d'habitude aux plateaux télé. Et puis surgit Johnny, dans la peau de Jean-Philippe Smet. A partir de là, la magie opère, troublante, décalée, franchement amusante et souvent touchante.
 

Pour ne pas dévoiler le meilleur du film (notamment ses caméos clins d'œil et ses dialogues schizophrènes) on ne s'attardera pas sur le sens absolu de l'autodérision dont fait preuve Johnny dans le film, mais on soulignera l'humilité et le merveilleux second degré avec lesquels il se livre à cette aventure digne des tribulations de John Malkovich chez Spike Jonze. Le film de Laurent Tuel est évidemment moins barré mais il offre le même plateau d'argent à son interprète. Nul besoin d'être fan du Johnny chanteur pour apprécier la retenue de son jeu et le trouble identitaire auquel il prête son image. La confusion est souvent fascinante et l'on ne doute pas une seconde que le mythe en sortira encore grandi. Le film souffre d'ailleurs un poil de la superficialité de ses seconds rôles, tous vampirisés par l'énormité du sujet.

On prédit un carton et un nouveau chapitre dans la légende Johnny.

 Mathilde Lorit (Excessif)